Je la sens, elle me serre, elle m’enlâce brutalement, comme un serpent attaquant sa proie. Je la sens comme un poids tout au fond de mon cœur… la peur. Elle me ronge, comme un rat qui grignote goulûment son morceau de fromage… avec rage. Elle m’abat, comme un marteau frappe brutalement le clou dans le creux du bois.
Je voudrais la détruire, c’est mon pire ennemi, le seul que j’ai dans ma vie. Avec mon arme et ma foi, je pars à sa poursuite. Contre elle je mène un dur combat. Après des jours et des jours d’affrontements cruels, je la mets définitivement à terre. J’en ressors encore une fois lasse, mais heureuse, toujours victorieuse.
Honteuse, la tête basse, elle s’efface. Mais au fond de moi, elle me terrorise encore, comme une armée de soldats. Devant elle je craque, les larmes coulent le long de mon visage en fines gouttelettes. Mon cœur s’emplit de doutes. Par sa faute, mes rêves s’effondrent comme s’écroule le mur séparant les habitants de la ville en guerre.
Puis comme le gendarme attrapant le voleur, je la désarme. Elle n’est plus là, pourtant je ne peux pas l’oublier, je sens son étreinte pressante sur mes frêles épaules, toujours… Je suis prisonnière, je ne peux plus me débattre. La peur m’a touchée, de ses bras horribles, elle m’a tuée.
Elle m’a eue un jour où trop fatiguée, trop vulnérable je n’y croyais plus. À présent, elle sait que je le suis... vulnérable, plus jamais elle ne m’oubliera. La peur est en moi, elle se cache au fond de mon cœur. La peur ne me quittera jamais plus.