Souvenirs à Paris
Dans une robe surannée
L’objet radieux de mon cœur
Sorti tout droit d’une autre année
En ma mémoire danse encor.
Je l’ai connue petite fille
Elle avait dix-sept ans je crois ;
Pour moi comme elle était gentille
Je l’avais baptisée Sarah.
Mais pourquoi méditer sur ces charmes passés ?
Comme tu me plairais printemps sans ces contraintes
Où je me suis trouvé longtemps paralysé
Sans jamais formuler de plaintes !
Mais lorsque l’on remue la cendre
D’une vie percluse de tourments
On songe à ce qu’elle eut de tendre
Qui rachète les noirs moments.
O mon amour abandonné
Ma pauvre amie que j’ai laissée
O mon amour trop tôt fané
O mon enfant que j’ai lassée !
Je me souviens de tes yeux chastes
Malgré nos fougues d’amoureux
De notre divan sombre et vaste
Où nous plongions nos corps fiévreux
Je ne pourrais pas t’oublier
Ma Colombe ma douce amante
Ni ce jour où fût déliée
Notre idylle trop violente.
Hélas ! L’on s’est aimé beaucoup
C’est ainsi que l’amour se lasse
On s’est usé par les deux bouts
On croyait l’amour plus tenace.
Mais pourquoi revenir à ces charmes passés ?
Le mariage a tué l’amour par ses contraintes
Faisant taire mon cœur il m’a fallu oser
S’arracher à sa morne étreinte.
Il faut un temps pour l’espérance
Le rêve en ce temps-là n’est plus
Il faut un temps pour la souffrance
Est-il passé ? Je ne sais plus !
Comment pourrais-je t’oublier
O Sarah ma fleur ma colombe !
Comment pourrais-je t’oublier
Moi dont l’ardeur est vagabonde ?