Solitude de Paris
Et Paris encore
Le rythme de Paris
Les lumières multicolores
De la nuit de Paris
Le charroi de Paris
Hurlant en continu
Le frôlement de la foule
Impersonnel anonyme inconnu
Les femmes de Paris
Sarah…
Et dire que j’ai laissé Sarah !
Je me souviens de sa peau tendre
De sa bouche de ses yeux de ses cheveux au vent
Qu’ai-je à faire d’une autre femme
Glanée dans la nuit de Paris ?
Qu’ai-je à espérer d’une étreinte
D’un apaisement d’une griserie
Quand ce qu’il me faudrait
Ce n’est que plus d’amour
De quoi combler toute une vie
Un vide une solitude
Une mélancolie, une désespérance !
Et voilà que tout d’un coup tout change
Et voilà que d’un seul coup s’altère
L’enthousiasme qui me faisait marcher
Dans ce Paris ivre et enragé
Voilà que soudain tout s’assombrit
Comme une source brusquement tarit.
Et les lèvres sèches aspirant vainement
Aux entrailles de la terre.
Tout se déroule comme en un rêve
Un rêve à la mesure du jour
Et pire qu’un long cauchemar
Voilà que d’un seul coup s’impose
Une Réalité plus brûlante encor des Réalités :
Je suis seul dans Paris
Et Sarah ma sœur ma compagne
Sarah que j’avais rendue femme
Est si loin de moi qu’elle est morte
Plus que morte
Pour moi
Car elle vit et ne vit plus pour moi
Et ce n’est déjà plus la même
Et ce n’est déjà plus Sarah
Elle vit ainsi qu’une autre femme
Une femme que je n’habite pas.
Je pourrais marcher longtemps longtemps encore
Je pourrais marcher, faire le tour de Paris
Faire le tour du monde
Jamais plus je ne reverrai Sarah.
Cependant si le hasard
Voulait que je la retrouve
Avec les mêmes cheveux
Le même visage
Son regard chaste et lumineux
Son corps gracile et langoureux
Sa peau tendre
Ce ne serait plus parfaitement la même
Ce ne serait plus du tout Sarah.
Elle appartient à ce monde de rêve
Ce monde atroce et révolu
Ce monde de la jeunesse
Elle s’est engloutie avec ce monde inepte
Disparue à jamais
Dans le linceul de mes années
Ensevelie à jamais
Dans le recul de ma conscience
Et si je la revoyais
De chair et de sang
Je ne pourrais plus la reconnaître
Car ce ne serait plus Sarah.