bruno plume de Pelicanus MODERATEUR
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| Sujet: Biographie de Isabelle Menival (Insolence) Dim 11 Mai - 12:44 | |
| Interview publié en juin 2012 sur "Liberté", journal régional du Calvados : - Liberté a écrit:
- Lycéenne, Isabelle Ménival est l’auteur de Khôl, recueil de poèmes publié depuis le 16 mars 2012. En véritable "bosseuse", cette jeune écrivaine concilie ses études et cette nouvelle aventure.
Depuis le 16 mars, l’ouvrage d’Isabelle Ménival, Khôl est disponible dans de nombreuses librairies. "Je vis une belle aventure. Les textes que j’ai écrits n’avaient pas pour vocation d’être publiés un jour" déclare cette jeune lycéenne. En classe de première littérature, elle concilie ses études avec bientôt les examens du baccalauréat et cette nouvelle aventure.
Passionnée depuis le plus jeune âge
Depuis l’âge de 4 ans, Isabelle Ménival est passionnée par l’écriture. "J’ai toujours écrit. Au départ, cela était un peu décousu. Il n’y avait pas d’unité" explique-t-elle. C’est à l’âge de 12 ans que l’écriture devient pour cette jeune fille une réelle nécessité. "C’était un besoin. Cela me permettait de sortir du cadre très collégien dans lequel on nous met." Rimbault, Baudelaire ou encore Hugo ont été pour elle de grandes inspirations.
Publication sur des forums
A partir de la troisième, Isabelle décide de publier ses textes sur des forums littéraires. Une personne la contacte et lui explique qu’elle aimerait les montrer à son éditeur. Ce dernier envisage alors la réalisation d’un recueil. Dans un premier temps très étonnée, Isabelle réfléchit de plus en plus à cette idée. En avril 2011, elle commence l’écriture de nouveaux textes. Deux mois plus tard, le recueil est achevé. La lycéenne entame des recherches pour une maison d’édition. Son choix se porte sur Argol." J’avais trouvé des livres publiés par Argol au salon du livre de Caen. J’ai apprécié le style. En plus, c’était quasiment la seule maison d’édition qui acceptait l’envoi de manuscrit" ajoute Isabelle. Le 10 juin, les textes sont envoyés. Catherine Flohic, directrice de la maison d’édition la contacte quelques jours après. "C’est avec plein de stress et d’appréhension que j’ai vécu mon premier contact avec Catherine" explique l’écrivaine. Le 1e juillet, Argol décide de publier sous forme de recueil les poèmes de la lycéenne. "Plusieurs de mes textes relatent ma confrontation avec la violence du monde " souligne Isabelle. Depuis la parution du recueil, la jeune écrivaine a eu des retours positifs des lecteurs. "J’attends les retours négatifs. J’aurai un petit pincement mais ce sont aussi les critiques qui aident à avancer" dit-elle en souriant.
D’autres projets en cours
Outre l’objectif de réussir ses examens, Isabelle s’est remise à l’écriture de poèmes. Parallèlement, depuis janvier 2012, elle travaille sur la réalisation d’un roman. "Je n’ai pas envie de me contenter d’écrire sous une seule forme" explique-t-elle. "La poésie, pour moi, n’est pas forcément un aboutissement littéraire" conclut la lycéenne. KHÔL L'auteure photographiée par elle-même Voici une recension par Bruno Fern (1): - Bruno Fern a écrit:
- Qui dit poème dit (ou devrait dire) travail de la langue, non pas uniquement par souci de la forme mais pour mieux, par ce travail même, « supporter l’angoisse du Rien, l’absence de la vie » et tenter ainsi d’y (re)naître différemment. Si l’on admet cette double nécessité, alors le livre d’Isabelle Ménival, écrit à 14 ans et demi, paraît plutôt prometteur.
D’emblée, la phrase de Proust mise en exergue place l’ouvrage sous deux signes contradictoires : celui de la passion amoureuse et celui du détachement ou, du moins, d’une prise de distance que l’écriture prolonge à sa manière. De plus, cette expérience s’est faite ici à travers celle qui mène de l’enfance encore toute proche à un temps où corps et monde sont appréhendés sous d’autres angles – dont certains s’avèrent forcément coupants. Le texte liminaire précise à la fois l’importance et les limites de ce qui a eu lieu, exposant presque symétriquement le désir d’un parfait alter ego et le deuil d’un tel rêve, les choses étant dites à présent dénouées, sans oublier de souligner à quel point tout fut si précoce : « mes mains se perdent // si petites / dans un si grand écart ». Ensuite – la plupart du temps dans un tutoiement adressé non seulement à l’être aimé mais aussi à un double qui rend peu à peu étranger à ce que l’on croyait être soi – l’histoire est déroulée : « où les désirs / se contractent plus denses / enfin on peut // les lettrer ». Composée d’interrogations, d’accords et de ruptures que le phrasé épouse, entre prose et vers vraiment libres (comptés ou pas, avec ou sans rimes, respectant la syntaxe ou bancals), c’est « une histoire d’inversion / là qui allait chercher dans l’autre inconnu(e) indéterminé(e) / l’enfance interminable ». Elle ne se réduit ni à l’étalage des premiers émois ni à un huis clos puisque cet amour-là ne saurait être pleinement heureux tant il se sait cerné par la rumeur de l’Histoire, par tous ces faits qu’il lui faut – selon l’injonction des dernières pages – regarder et qui touchent autrement au sentiment d’une supposée innocence : « Un journal comme chaque / Fois que Shakespeare s’évapore / Un ou deux morts en Irak / Gaza encore » – surtout quand c’est l’enfance elle-même qui est gravement atteinte à cause de la guerre ou de la misère. Outre la variété prosodique évoquée ci-dessus, l’écriture possède déjà quelques qualités qui ne sont pas si fréquentes. En effet, I. Ménival évite autant d’adopter la conception tenace d’un lexique prétendument poétique que son contre-pied systématique ; elle sait parfois jouer subtilement avec la langue (« ma chère / tout se désincarne ») et faire preuve d’humour, trait particulièrement bienvenu quand le tragique menace : « à travers la fenêtre / le building compresse en tes yeux 462 vies d’assiettes qui volent de rideaux tirés et des roses // tu te sens encore très loin du trottoir qui s’approche ». Au bout du compte, ce livre aura probablement contribué à la quête d’une identité, non pas au sens d’un devenir adulte figé mais plutôt d’une immaturité assumée qui refuserait les masques : « je te dis cela / en riant parce que je n’ai plus peur / mon corps n’est plus qu’un fil / je ne tiens plus qu’à ça » – bref, d’une fragilité suffisamment forte. (1) Bruno Fern, poète contemporain http://fr.wikipedia.org/wiki/Bruno_Fern | |
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