Enfant je suis venu
Enfant, je suis venu m’amuser sur la plage
A l’aide de mon seau j’ai bâti mon château
Aujourd’hui je reviens découvrant ce carnage
La nature a repeint ce sinistre tableau.
Un vieux bateau rouillé s’est fracassé la tête
Sur un bloc de caillou dormant sous l’océan
Il a tout dévaste par un jour de tempête
En laissant le goudron s’échapper de son flanc.
Pour ces quelques dollars, pour toucher le pactole
Ils ont fait naviguer leur carcasse de fer
Et depuis les oiseaux alourdis de pétrole
S’écrasent sur les flots que façonne la mer.
Dans ce désastre gris tout parait illusoire
Il flotte dans le vent une odeur de pourri.
Le phare a ce reflet qui devient dérisoire
Quand il vient balayer cet horizon meurtri.
Le sombre est la couleur qui teinte le rivage
Tandis qu’on aperçoit un bout du chapiteau
Qui glisse dans le noir de ce vrai marécage
Avant de se poser au plus profond de l’eau.
Je garde cette image au fond de ma mémoire
D’un village sali à cause du profit
Voila le résumé d’une sordide histoire
D’un vaisseau délabré qui plonge dans l’oubli.
jc blondel