Pour un bouquet de coquelicots
Une petite fille, dans un champ, est couchée
Et dans ses cheveux blonds dorés
L’or et le sang sont mêlés.
Ses grands yeux bleus, levés au ciel,
Semblent contempler les nuages
Qui tout là haut s’amoncellent
Signes annonciateurs de l’orage.
Tout doucement, je m’approche de l’enfant inerte.
Et je regarde, sens en alerte,
Son petit corps, dans l’herbe verte.
Son visage reste immobile,
Comme immobile est sa poitrine.
Elle ne bouge pas même un cil.
Je vois au loin sa ballerine.
Soudain, le tonnerre gronde, et je remarque
Sur ses membres, de sombres marques
Puis, sur sa robe d’organdi,
Qu’un coquelicot a fleuri.
Ce n’était qu’une pauvre enfant,
Venue cueillir quelques pavots,
Pour faire plaisir à sa maman,
Mais qui tomba sur un salaud.
Sur mes joues, aux larmes de fiel
Se mêle la pluie qui ruisselle.