J'adore Rimbaud comme le chasseur de mots qu'il est. Il ne se laisse pas avoir par la phrase toute faite. Il construit sa phrase avec des écailles de tortue, des peaux de serpent. Il fait un avec la nature et les mots. Il porte en lui la charge d'apprendre au monde tout en faisant un avec le monde. Il recherche les pays chauds pour l'éprouver. Il ne recule devant aucune difficulté, c'est simple, pour lui tout est simple, limpide, il y a le feu de la chaleur et un certain désespoir, il fuira la chaleur du Harar et la reconnaissance littéraire tout en sachant bien qu'il ne peut qu'y rester, dans ce pays, qu'il ne pourra qu'être confronté à la célébrité plus tard, comme à la mort, la sienne, très vite. Double désespoir.
Rimbaud me parle et parle à mon amour dans les vertiges du sens, son écriture est celle de l'enfant de 15 ans, il gardera toujours la même candeur, le même goût pour "la folie qu'on enferme". Il l'expérimente dans son sang. Rimbaud est là, toujours maussade et un rien désabusé, mais il fait ses nids d'amour, il est tellement présent dans tout ce qu'il fait, dans tout ce qui le conduit à faire, donc à écrire, donc à se donner à l'écrit comme un cheval s'adonne au galop, concentré, pleinement lui avec ses secrets intérieurs, il peut être une tour d'ivoire et cacher son amour, c'est pour cela qu'il sera "ce sans cœur de Rimbaud".
Il est célébré pour son courage, sa noblesse intime, sa façon de ne jamais faillir. Et ses mots rêveurs pour s'échapper du carcan social.