Le vieux jardin (II)
Je te salue, ô vieux jardin !
Il me semble, à travers tes grilles,
A tout ce passé qui revient,
Ouvrir un album de famille.
Si je vais plus haut, je respire
L’air étrange d’une guinguette.
Un air commun aux bals musette,
Où parmi d’accortes putains
Vont gens sombres et boute-en-train
Qu’un accordéoniste attire.
Allons plus loin… Là, fuyant l’œil
Des flics immuables et tristes
Dans leurs tristes habits de deuil
Clochards, camelots et artistes,
Se sont arrêtés sur le seuil.
C’est vrai !
Tu as dû en voir des choses,
Des vertes et des roses !
Egoïste, du souvenir
Pour me charmer les jours prochains
Je veux garder… Tout doit finir ;
Mais, Toi, Tu renaîtras demain.
Rien n’est mort et tout resplendit !
Le passé change et s’évapore
Vers des cieux d’Idéal ! Grandit
Au delà des rives sonores.
Je te séquestre en ma mémoire.
Comme un symbole, ô vieux jardin.
Ineffable, dans la nuit noire,
Tu es l’orgueil de mon destin.
(fin)