Le p'tit vieux

Sa vie s'allonge comme un jour sans pain,
Lui le pain il s'en fout, c'est pas bon pour ses dents
Il préfère des heures sucer des dragées
Quand il se traîne doucement dans le quartier...

Ses enfants et petits enfants sont loin,
Lui ses fils il s'en fout, les deux sont devenus médecins,
Il n'ont plus besoin de lui, ils sont grands maintenant,
Et quand ils viennent on sent bien, qu'ils perdent un peu leur temps.

Tout le monde ici le connaît, parfois on le salue
Lui le salut il s'en fout, c'est pas pour cela qu'il a vécu,
Surement n'a t-il pas encore compris,
Que ce geste n'est que pour lui, et plus pour sa mie.

A la télé ils parlent de jeunesse, de bonheur,
Lui le bonheur il s'en fout, pour lui ça n'est plus l'heure.
Il ne le partage plus avec sa Jeanne,
Qui l'a planté là avec sa canne.

Le soir sur sa tombe, il va porter des fleurs,
Lui les fleurs il s'en fout, il est juste là, il pleure,
Sa belle qu'il avait protégé de tout, sauf du sort,
Sa belle qui le laisse ici, de l'autre côté de la mort.

Et puis tout vieux il s'en retourne chez lui,
Mais chez lui il s'en fout, il veut juste retrouver son lit,
En priant dieu, l'infirmière, Alzheimer et les cachets,
De l'accompagner la bas, de la lui faire retrouver.