LE RUISSEAU
C’est comme le ruisseau qui s’écoule limpide
Dans sa fuite en avant vers le bas du versant
Pour aller se jeter dans le cours du courant
D’un fleuve qui s’en va vers l’océan placide.
J’ai quitté mon sommet à la fonte des neiges
Sautant sur les cailloux comme un petit cabri
Escaladant un tronc qui s’était endormi
Lorsque le froid jouait ses affreux sortilèges.
L’onde de mon eau claire a pris son bel envol
Glissant sur les rochers et les brins d’herbes vertes
Profitant d’un soleil qui fit portes ouvertes
Sur la glace là-haut qu’abandonnait le sol.
Je suis né par hasard dans ma blanche montagne
Dans la douceur d’avril aux premières chaleurs
Je vis tous mes instants, ces intenses bonheurs
Avant de m’assoupir dans ma douce campagne.
Je ne suis qu’un ruisseau, ce petit filet d’eau
Mon temps reste compté je suis un solitaire
Qui promène parfois dans sa course éphémère
Sur son dos, trop fragile, un étrange fardeau.
JC BLONDEL