Entre mamans
J’aimerais savoir à quoi tu r’ssembles, si tes yeux étaient comme les siens
Voir comment vous étiez ensembles être témoin de votre lien
Avais-tu décoré sa chambre devinant c’qu’elle aime par instinct
Pourquoi l’avoir appelé Ambre, pourquoi son père était-il loin ?
Se confondait-elle à tes membres lorsque tu lui donnais le sein ?
As-tu eu peur cette nuit d’novembre sentant ton souffle qui s’éteint ?
Et voyant ton foyer qui flambe, as-tu pensé à ses demains ?
Toi qui l’a sortie de tes jambes, étais-tu mère jusqu’à la fin ?
Moi j’ai les deux genoux qui tremblent d’être l’imposteur du destin
Saurais-je être celle qui te semble capable de lui tenir la main ?
J’n'étais que la voisine du bas, dans cette fournaise d’habitants
Et quand s’est effondré mon toit, j'l’ai entendue te réclamant
Dès que je l’ai prise dans mes bras, elle est devenue mon enfant
J'me suis battue contre les lois alors qu’elle m’appelait maman
Je vociférais à dieu va c’que mon cœur savait évident
Ils m’reprochaient mon célibat, mon CDD post-étudiant
J’ai pu la garder avec moi, eux, ils disaient « en attendant »
Moi, je n’l’ai pas portée neuf mois, j’l’ai « attendu » pendant trois ans
Et tout ce qu’elle représente pour moi, ça n’tiendra jamais à son sang
Elle est ma fille autant qu’à toi peu m’importe leurs arguments.
Le dix huit avril cette année, parait que j’suis dev’nu parent.
C’était juste une lettre au courrier, original comme accouchement.
J’voudrais qu’tu saches qu’en vérité, je lui parle de toi très souvent,
J’lui dis qu’t’es toujours à coté, qu’tu veilles sur elle en transparent.
J’veux qu’elle connaisse son passé, pour qu’elle puisse conjuguer les temps
J’voudrais qu’tu vois comment elle est, elle vient tout juste d’avoir cinq ans
C’est une brune aux yeux dorés, son prénom lui va comme un gant
Elle porte au cou un p’tit camée, j’ai mis une photo d’toi dedans
Je pourrais jamais t’remercier qu’en prenant soin de ce présent
Et quand je n’peux plus la veiller protèges-la de ton firmament.