Une si "belle" tranche de pain!
Petite tranche de pain,
Comme une tranche de vie,
Grillée sur un côté
Elle se pose là, dans l'oubli!
Née de la douceur du blé,
Ou de la chaleur du levain.
Petite tranche de pain,
Laisse le mitron te sortir
Du pétrin.
Ta croûte si délicate,
Craque sous ses doigts poudrés!
Tes miettes s'éparpillent...
Il te caresse,
Et te regarde!
Comment va t'il te parer?
De quelques noisettes ou
D'éclats de chocolat
Tu es belle, blanche et moelleuse,
Tu es douce et voluptueuse.
Tes courbes sont harmonies.
Ton coeur est réconfort.
Maintenant tu te niches dans la huche,
A l'abri de la lumière,
Loin de l'humidité ambiante.
Pour donner, dit-il, plus de corps !
A ta petite tranche de pain.
Mais le temps passe,
Et te voilà prisonnière!
Tu voudrais qu'il vienne maintenant,
De ses doigts si subtils
Te délivrer de ta panetière.
Mais rien !
Il t'a abandonné,
Et s'occupe désormais
D'une "belle miche"!
Aux formes généreuses.
Tu le vois,
Il la lève.
La pétrie...
Ses mains sont grandes ouvertes,
Sur cette "indélicate" !
Et toi, tu souffres
Ta mie devient moins blanche.
Tu étouffes là dedans...
Tu sens que tu vas rompre.
Dans un dernier élan,
Tu l'implores...
Mais il ne te vois plus.
Tu es toute de noir vêtue!
Tu n'es plus qu'un vieux croûton.
A donner aux cochons.
Une tranche rassie par la vie.