Mon histoire
Pourquoi ai-je eu l'idée de ranger le grenier ?
Pourquoi remuer les souvenirs enfermés ?
Ce qui dans la vie, nous a fait rire ou souffrir ?
Il vaut mieux, parfois, ne pas aller entrouvrir
La porte qui garde close la mémoire.
Pourquoi replonger dans ces vieilles histoires ?
J'aurais pu me contenter d'un coup de balai ;
Faire les poussières, les toiles d'araignées
Au lieu d'aller dans ce vieux coffre, me plonger.
Me voilà, à même le sol, bien installée
En train de feuilleter les albums, les cahiers.
Toutes ces choses que je croyais oubliées!
Ici, c'est moi, sur cette photo d'école,
Avec Marie, en train de faire les folles ;
On se disait qu'on ne se quitterait jamais .
Depuis pourtant, la vie, au loin, l'a emportée.
Ca fait bien des années qu'on ne s'est pas écrit ;
J'ignore si elle a des enfants, un mari.
Moi encor, ado, souriante et blonde;
Je semblais prête à conquérir le monde ;
Là, ma fille dans les bras, à sa naissance,
Yeux dans les yeux, nous refaisions connaissance
Neuf mois et pourtant l'une de l'autre inconnue
Je riais en lui souhaitant la bienvenue.
Mais voici le dernier portrait de mon père
Il souriait encor, là, près de ma mère .
Il ignorait qu'ils allaient tous deux se quitter
Alors qu'ils n'avaient jamais cessé de s'aimer.
Ils allaient prendre, chacun, un autre chemin
Taisant leurs regrets, ils garderaient leur chagrin.
Et là c'est, de mon divorce, le jugement
Des efforts et du chagrin l'aboutissement.
Comprendre, pardonner, j'avais tant essayé
Mais on se perd toujours à se vouloir forcer .
Quand l'amour est mort il faut bien se résigner,
Tourner les talons, vers l'avenir regarder.
Pourquoi ai-je eu l'idée de ranger ce grenier !
Que les vieux souvenirs y restent enfermés !
Ce qui, dans ma vie, m'a fait rire ou souffrir
Peut bien rester, dans ce vieux coffre, oublié.
Je la garderai bien close ma mémoire :
C'est avec toi qu'elle débute Mon Histoire.