DES MOTS A COLORIER
Comme un peintre d'hier je trace sur la toile
Des écrans de couleurs pour teinter l'univers.
Moi, l'artiste pervers, je dépose le voile
Qui fera le tableau d'un paysage amer.
Je garde pour l'hiver ce blanc majestueux
Quand la neige a couvert les toits de mon village
Il s'étale déjà, par son teint lumineux
Il donne à cet endroit, un tout autre visage.
Puis, pour te dessiner j'utilise les bleus
Comme ceux de tes draps qui recouvrent ta couche
Je me sers de l'azur pour te faire les yeux
Et d'un rose fuyant pour colorer ta bouche.
Quand le soleil y met sa chaude signature
J'aime beaucoup le brun tout cuivré de ta peau.
Le vent, qui te caresse use ta chevelure
D'un auburn délavé pour se faire un drapeau.
Je raffole des verts pour peindre la campagne
Des touches de marron pour le petit sentier
D'une vaste forêt qui reste ma compagne
Quand l'espoir quelquefois me pousse à divaguer.
Je conserve le noir pour clamer mes colères
Quand la haine me prend dans son antre maudit.
Les rouges de sang pur nous feront des rivières
Lorsque la guerre aura tout cassé, tout détruit.
Sur ce tableau du temps, la voici, ma palette
En nuance les tons s'épanchent sans compter
Pour chanter mon bonheur ou les soirs de disette
Les couleurs sont des mots, des mots à colorier...
jc blondel