L'enfant et le monstre.
Comme tous les jours l'enfant refuse d'aller au lit,
De quitter sa mère et de passer tout seul la nuit.
Il parle de vilains rêves et d'affreux cauchemars ;
Il parle des monstres terribles qui sortent du placard.
Sa mère dit"sois sage, ce ne sont que des histoires ;
Il faut,tu dois aller dormir, il est déjà bien trop tard ;
Je viendrais tout à l'heure t'embrasser, te dire bonsoir"
Elle ne comprend pas, ignore l'étendue de son désespoir.
Tremblant, il obéit, se glisse, se cache dans son lit ;
Dit un Notre père en fermant les yeux bien fort :
Mon D..., j'ai peur, viens ! je suis si seul, si petit.
Il espère de la prière un unique, un ultime réconfort.
Mais, il sait, au fond de son coeur, que rien n'y fera ;
Nulle prière, aucune incantation ne le protégera.
Au coeur de la nuit, c'est sûr, furtivement, il viendra
S'allonger, nu près de lui, sous l'abri de ses draps ;
Et dans l'obscurité complice, il touchera sa chair pâle,
De ses lèvres mouillantes, de ses pattes sales.
Lui murmurant " c'est toi le vicieux,le vrai coupable
Si j'ai pour ta peau une envie, un désir inexcusable."
Comme tous les jours, l'enfant refuse d'aller au lit
De quitter sa mère et de passer tout seul la nuit.
Comment expliquer, dire à sa maman si belle
Que le monstre a visage humain, qu'il dort avec elle ;
Qu'il lui dit "je t'aime" quand il la prend dans ses bras,
Ce terrible monstre menteur qui n'est pas son papa.