Un poème tout droit sorti d'un cerveau fatigué !
Un pauvre gars
Un homme au crâne dégarni
Se dirigea vers le comptoir.
Il posa ses mains sur le bar
Et je vis un anneau bizarre,
A son annulaire bouffi.
En lieu et place de l’alliance,
Il portait une bague en corail,
Où l’on distinguait des entailles,
Qui formaient comme des écailles.
Elle exhalait la malveillance.
Il leva son regard de myope
Que je croisai dans le miroir.
Deux yeux délavés et hagards,
Au sein d’un visage blafard.
J’en laissai tomber une chope.
Le type commanda un ballon
De vin rouge que je lui servis.
Nerveusement, il s’en saisit,
Et en projeta une partie,
Sur le devant de son veston.
Le flot en tache s’épanouit,
Sur l’estomac du pauvre gars.
D’une couleur vif incarnat,
On aurait dit du sang, ma foi.
Aussitôt il se dévêtit.
Son teint devint plus pâle encore,
Reflet parfait de son malheur.
Il lui fallut presque deux heures
Et un certain nombre de verres,
Pour qu’il racontât son histoire.
Un vieux, se disant enchanteur,
Croisa son chemin, vil hasard.
Il s’en moqua – Idiot hilare !
Sitôt puni de son écart,
Sa vie bascula dans l’horreur.
Son doigt fut cerclé, par magie,
D’un objet pénétrant sa chair
Et dont il ne put se défaire,
Malgré ses efforts pour le faire.
Ainsi débutèrent ses ennuis.
Ensuite, tout alla de travers.
Il perdit un emploi très chouette,
Se retrouva perclus de dettes,
Puis divorça de Marinette.
Son existence devint calvaire.
Ne lui restait que le trépas.
Il tenta de se suicider,
Mais la mort lui fut refusée.
Comme il était à cours d’idées,
Il abandonna le combat.
Lors il sombra dans la boisson,
Qui à défaut de le tuer,
Lui permit de tout oublier,
Du moins tant qu’il était bourré.
Une bien triste solution !
Le pauvre bougre quitta les lieux,
Tête baissée et titubant.
Je le revois de temps en temps,
Toujours buvant, toujours tremblant.
Son annulaire virant au bleu.