La lutte fanée de Papineau.

Quels soldats ignares ils font ! Il me semble déjà les voir avec leurs fusils chargés, sans savoir qui est l'ennemie. On ne parle que de ça dernièrement. Je dis dernièrement, mais il serait plus juste de dire que cette ritournelle s'étend sur des siècles.

Cette guerre a déja été mise au front plus d'une fois. Et elle me semblait légitime dans les circonstances. Jadis elle me semblait justifiée mais aujourd'hui, je ne vois que des influencés.

Parfois, le matin, quand je lis les éditoriaux, j'arrive à sentir ce que le Québec sentira dans quelques années. Je vois déjà des corps étendus ici et là sur le Mont-Royal. Des hommes et des femmes lassés, épuisés, avec le français comme lointain fantôme. Car oui, il sera un fantôme, il prendra plaisir à nous hanter chaque fois que nous parlerons d'autres mots. Et ces mots sortiront tels du gravier qui roulent entre les dents ! On se rappellera du temps où nous avions cru bon encore une fois de faire "fondre nos cuillères en balles de plomb " (*) . Il est bien désolant de s'aperçevoir en grattant l'extérieur que la plupart d'entre-nous ne savent même plus ce pour quoi on devrait se battre.

Ce n'est plus une lutte entre nationalité. Cela ne le fut jamais. Ce fut toujours une question de changer ce que l'on était. Et maintenant que nous avions passé à un cheveu de réussir le meilleur de nous-mêmes, préserver ce que nous sommes et ouvrir nos horizons, nous voilà ! Nous voilà, pitoyable armée de soldats qui tirent des balles au hasard.

Et que dirons-nous à l'aube de notre plus grande lutte ? OK Gang, Let's Go ?!
Drôle d'ironie, n'est-ce pas ...


(*) Papineau