Le fardeau

Le fardeau

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Chaque matin l'on entendait le prompt galop
De ce cheval fou qui errait dans le désert.
Libre il avait pris son cavalier à défaut
Et nul depuis lors n'avait monté son dos fier.

Mais le courrier toujours, à l'instinct peut-être
Joignait les deux mêmes postes, puis revenait.
Ainsi l'habitude, défiant les kilomètres
Semblait pouvoir jumeler les bourgs à jamais.

Au lointain on le voyait, sa bride arrachée
Et sa selle rompue sous son ventre musclé
Qui pendait à la manière d'un fardeau immuable.

Les naseaux ouverts il haletait, mais vaillant
Pour chaque goutte de sueur roulant de son flanc
Surgissait aussitôt une fleur dans le sable.

Pour une fois voici de ta part un sonnet de la plus pure orthodoxie !
Le cheval s'est libéré de son fardeau mais non de sa mission. Et grâce à son labeur immuable les deux mondes demeurent reliés.

Orthodoxie de forme certes, mais le fonds n'en est pas moins original ou énigmatique comme tes autres textes
Bruno a vu le côté positif, mais on peut y voir aussi un côté plus noir : on peut se libérer de ses chaînes, mais on continue de trainer son fardeau, conditionnés que nous sommes à le faire. A ce titre ce brave roussin représente la condition humaine tout entière. Mais cela n'est finalement pas dénué d'espérance puisque à chaque goutte de sueur jaillit une fleur du désert inculte et barbare ...

sans rejoindre les théses vegan radicales qui interdit les animaux domestiques (qu'est-ce que je deviendrai sinon ) il représente aussi la condition animale

Bravo, l'évocation poétique est très forte !

En effet, c'est souvent de la souffrance des individus que naît la beauté qui éveille l'esprit de l'être humain.
Ton étalon me touche beaucoup car j'y vois encore notre destinée.