Jadis une fille

Jadis une fille


Jadis j’ai connu une petite fille
Au regard sucré aux mains pleines d’envie
Qui s'esclaffait d’un rien bien que de rêveries
Ses journées s’animaient et vers ses parents
Elle tournait ses demandes certes forte et têtue
Mais toujours brillante Pallas, déterminée

Mes souvenirs sans elle n’ont pas de référence
Car c’est dans ma jeunesse qu’elle éclaire superbe
Mes jeux pleins d’ignorance, si seulement elle savait
Comme je l’ai regardée plus d’une fois pourtant
Avec des miroirs au fond de mes pupilles
Et son nom sur la bouche pour l’immortaliser

Aujourd’hui c’est une femme
Au rêve comme le monde, aimante et volontaire
Qui vit dans ma lumière pour ne pas m’effacer
Si seulement elle savait je n’ai jamais eu qu’elle
Pour étreindre mes hontes quand mes larmes se noient
Stigmatiser mes peines stigmatiser mes joies

Et sur ma mémoire elle navigue encore
De ces rires, de ces gestes mon être s’est construit
Pour garder dans mes bras un brin de paradis
Où nous allions ensemble inséparablement
Et quand je la regarde c’est son rire que j’entends
Aussi limpide et clair que l’aube de sa jeune vie

Un beau morceau de poésie libre ! Chaque strophe comprend à peine deux vers qui riment et pourtant la musicalité est superbe. Le fonds est précisément  fort et profond.

oui mais il y a quelques rimes qui sont projetées d'une strophe à l'autre, comme fille/pupille, parents/pourtant, immortaliser/effacer, etc... et sans être véritablement des rimes, notre mémoire auditive y est sensible, ce qui contribue à cette musicalité  

je sais pas ce que vous en pensez mais pour moi elle parle d'elle-même   

pour moi c'est évident aussi même si l'auteur n'en dit pas trop pour subtilement maintenir le doute

Je prends ceci comme une preuve :

"Comme je l’ai regardée plus d’une fois pourtant
Avec des miroirs au fond de mes pupilles"

C'est bien elle-même qui se regarde mais l'ensemble reste très subtil .

Pour moi c'est un regard sur sa jeune vie lorsqu'elle était peinte de transparence et d'insouciance ingénues, mais ce n'est pas qu'un souvenir, car ce souvenir elle continue de le faire vivre en elle comme une force intérieure pour affronter un autre regard, celui qu'elle porte aujourd'hui sur les dures réalités de la vie. Elle a donc l'avantage des "lunettes roses" sans les porter, en pleine conscience d'elle-même et de ce qui l'entoure.

Je trouve merveilleux que tu aies su relier la fillette et la femme à travers ce poème. Félicitations.