(Allez, je me lance. Pensez-vous que ce texte pourrait-être le début d'un roman ? Y-aurait-il des corrections à apporter ? Le style ? N'ayez pas peur de me corriger car je ne suis qu'un néophyte. Je vous remercie à l'avance)
Grand-père fut toujours à la hauteur de ses ambitions. D’ailleurs le mot hauteur n’est pas de la démesure car à l’âge de dix huit ans, il battait le record départemental du saut à la perche avec un bond de trois mètres quinze. Oh, pas de coussins d’air ni de mousse pour la réception, mais un simple bac à sable assoupli et allégé par les dents d’un râteau. Il s’entraînait avec une perche en bois et relevait souvent les défis pour épater la galerie. C’est ainsi qu’il sauta plusieurs fois au-dessus de la transversale des buts du terrain de foot. Il était connu à Trith Saint Léger pour ses petits exploits. Hardi et volontaire, il appréciait les enjeux et les confrontations sportives. Un jour, les fumées des laminoirs du village, vinrent lécher les hauts sapins qui entouraient le stade Edmond Delépine situé près de l’Escaut. Le vent se mit à souffler en bourrasques et fit danser le sable du sautoir dans les volutes d’une brume naissante. Spectres éthérés dans un tourbillon de grains dorés… Voilà ce qu’il voyait. Rien de plus. Il savait que le vent pouvait contrarier sa course ! Mais dans chaque défi n’y a t-il pas un peu d’excitation inconsciente ? Oser pour ne pas regretter, était sa maxime. Alors, avec sa perche comme balancier, il pointa les éléments et s’élança cheveux au vent. « Plus haut, encore plus haut, allez ! ». Il nargua le ciel devenu proche, s’élança à vive allure et la perche dans un bruit sec, se cassa net en s’enfonçant dans le sol sablonneux. Elle se transforma en lance acérée et lui transperça le mollet. Semonce de vie ? Réprimande d’action mal maîtrisée ? Nul ne le sait mais depuis lors, il ajusta la barre de ses envies à la hauteur de ses compétences pour franchir sans encombre les étapes de sa vie.
La guerre lui serra la ceinture surtout quand il se retrouva déporté en Allemagne, parqué comme du bétail, rossé de coups et agoni d’injures. Dicté par la générosité d’un cœur sans rancune, il avait appris à pardonner pour se libérer l’esprit. On pouvait emprisonner son corps mais pas son esprit qui vagabondait encore dans le ciel de son enfance. Là était sa force et les images qu’il se projetait sentaient l’herbe tendre. Les bleuets. Les champignons. Le plat qui mijote et les confitures de sa mère. Il se nourrissait des beautés de son village. Il parcourait les sinueuses ruelles aux secrets enfouis. Il longeait le sentier des fontaines près des sources jaillissantes du coron Cocu qui doit son nom à un boxeur régionalement connu. Il taquinait les brèmes carpées du grand étang paradis des pêcheurs fanfarons et rodomonts. Il arrivait à s’isoler, à voyager, à vivre ses rêves qui détrônaient l’injustice présente. Son âme devenait un écran gigantesque de souvenirs où les films de sa jeunesse se projetaient. Il se protégeait ainsi avec esprit contre les griffures et les meurtrissures d’un ennemi sans cœur. Alors il se disait chanceux d’être encore habité de doux souvenirs qui l’aidaient à vivre. Il se sentait fort et n’hésitait pas de ce fait, à tendre la main aux âmes en détresse, démunies d’envie de former des espérances.
Dans ces camps de déportés, dans ces parcs où tout le monde pataugeait sur des terres hostiles, la mort rôdait inlassablement et frappait les moins résistants. Mon grand-père n’avait jamais fumé et pourtant il ramassait les mégots qui pigmentaient cette terre grillagée d’humiliations, de flétrissures et d’avanies. Dire que son action fit un tabac serait trop facile, mais de cette récolte il allumait souvent la dernière cigarette aux hommes étiques faméliques et cachectiques. Il accompagnait ainsi dans leurs derniers voyages ces moribonds persécutés qui s’éteignaient lentement, les yeux hagards, dans les volutes d’une dernière bouffée. Difficiles années de sursis où tant d’amis sont tombés. Dans ces moments de douleur la mort semblait dire : « Je suis près de toi et je ne te lâcherai pas ! » Alors dans ces parcs de non vie, mon grand-père, qui pensait lui aussi bientôt partir, marmonnait, soliloquait et s’envolait bien souvent dans le ciel de son enfance. Un jour, alors qu’il était perdu dans ses pensées lointaines, les nuages s’entrelacèrent dans un ciel mouvementé et le vent lui souffla ce message : «Tout ce qui meurt a vécu. Tout ce qui ne meurt pas ne vit pas. » Cette phrase avait une résonance particulière dans ces antichambres de la mort. Valait-il mieux mourir que de ne pas vivre intensément ? Valait-il mieux mourir pour que l’on reconnaisse sa vie, son existence ? Mais il était encore jeune et l’expérience lui manquait ! Il devait acquérir un enseignement avant de partager un savoir ! Dans ces enclos d’hommes décharnés et vidés d’envie, y avait-il un espoir de se voir grandir ? Là où il n’y a pas de vie, il n’y a pas de mort ? Vivait-il ? Tout s’embrouillait dans son esprit… Des larmes de pluie frappèrent ses yeux aux paupières diaphanes et lui lavèrent ses noires idées. Un peu groggy tel un boxeur sonné, il supplia le ciel qui pleurait lui aussi à grosses gouttes. Il s’agenouilla. Ferma les poings et hurla à s’en casser la voix ces mots de condamnés : «Laisse-moi vivre ! Laisse-nous vivre ! » Alors et allez donc savoir pourquoi, la mort prit peur de l’immensité d’un cœur. Elle recula sous un ciel grommelant et le laissa vivre en s’inclinant. Depuis ce jour, il s’accrocha fermement à la vie et la savoura pleinement pour braver ainsi, la fatale nuit des temps...
Grand-père a toujours aimé lire et connaissait Zola par cœur. Tiens, il avait inventé un procédé mnémotechnique sur son œuvre et le déclamait comme suit : « A Paris, Rome ou Lourdes, l’Argent fait La joie de vivre des Nanas qui pensent au Rêve d’Une page d’amour sans Fécondité sur La terre qu’on appellerait Au bonheur des dames. Point de coup d’Assommoir sur le prix du Travail mais de La vérité dans Le ventre de Paris où L’œuvre des femmes non rabaissées au rang de Bête humaine embellira nos pensées de Boutons de rose soufflés par un Ouragan d’esprit. » Il terminait tel un orateur qui revendique ses droits : « Cha ch’ed mi et j’l’ai pondu en Germinal! Oui M’sieur en Germinal. » Que de belles soirées avec aussi son auteur préféré, le poète mineur de Denain, Jules Mousseron. Homme d’écriture et de scène, ce conteur avait fait de Cafougnette son personnage fétiche. Il colportait ses histoires dans tout le nord de la France et glissait ses idées dans une musette remplie de papiers griffonnés.
Ah le nord de la France ! Une des grandes passions de mon grand‑père ! Les histoires de Cafougnette bien sûr, les récits de Mononque Hubert et ceux de Kapio un personnage qu’il avait inventé de toutes pièces. Les guinguettes et leurs flonflons. Les accordéons des gloires locales. Les kermesses, les ducasses, les carnavals et leurs géants. Dans la tristesse il parlait de l’horrible catastrophe de Courrières près de Lens du 10 mars 1906. Là, 1099 personnes périrent lors d’un coup de poussière. Putains de poussières de carbone qui s’enflammèrent et ravagèrent cent dix kilomètres de galeries après une explosion d’une rare violence. Larme à l’œil il contait le courage de treize hommes qui, vingt jours durant, se creusèrent un passage dans les galeries écroulées. Ils rampèrent et marchèrent sur des kilomètres et des kilomètres pour enfin voir la première main propre tendue. Dans ces boyaux de terre, ils trouvèrent la force en se nourrissant d’avoine et de la viande d’un cheval mort. Il poursuivait dans la douleur sur le récit des obsèques du treize mars 1906 à la fosse commune de Billy les Mines. Sous une tempête de neige, quinze mille personnes se recueillirent dans le respect le plus profond pour former le cortège humain le plus déchirant et le plus long d’Europe.
Il était intarissable. Tenez ! Le soir quand il nous racontait des histoires près de la cheminée, même les mouches s’arrêtaient de voler pour l’écouter. Il était un véritable conteur venu d’ailleurs. Il s’exprimait parfois de façon emphatique, mais ses mots étaient des pétales, ses phrases des fleurs et ses histoires des bouquets de senteurs… Il aimait tellement sa région qu’il voyageait toujours avec un petit flacon empli de terre natale mélangée à quelques éclats de « gaillette » d’anthracite et de boulets. Ceci est mon sol et je ne dois jamais l’oublier disait-il. Parfois et c’était rigolo, il parlait en rouchi, patois de Valenciennes, qu’il revendiquait avec force : « Essayer de faire taire le parler d’un terroir, c’est tenter de réduire l’histoire au silence pour oublier la parade du temps dans son défilé de cultures. » Je crois même qu’il était fier de sa trouvaille. Tel un homme d’état ou un comédien sur les planches, il hochait la tête en signe d’approbation et rythmait ses mots de son index. Il défiait le ciel qu’il connaissait tant et terminait toujours par : « Et cha ch’ed mi ! » Il se faisait fort de réciter en ch’ti aux bonnes gens venus d’ailleurs, un de ses poèmes sur Trith Saint Léger, village de son enfance et surtout de ses belles amours.
ACCUEIL TRITHOIS
T'as biau aller bin lon à cacher et' quémin
Té peux pinser bin sùr qu'ailleurs ch'est mieux qu'ichi
Et aller vir aute part cheux qui font des chichis
Mais ch'est toudis à t'village qu'é t'arviendras d'main
Les gins qui t'ont quer et qui connaissent et' pére
Sont d'el même souche qu'é ti et ne t' f'ront pas braire.
Ravisse autour ed' ti, arliève tes vrais amis
Et té verras qu'é té pinseras à cheux d'Trith.
In a pas peur ed' taper du poing sur el tap
Mais comme té sais, nos poings sont moins greux que not' cœur
Et y'aura toudis du rassacache et du rap
Pour chelui qui connot dins l'instant el malheur.
Trithois : Habitant de Trith-Saint-Léger situé près de Valenciennes dans le nord de la France.
Cacher :Chercher.
Quémin : Chemin.
Vir : Voir.
Avoir quer : Aimer.
Rassaquer : Retirer.
Braire : Pleurer.
Toudis : Toujours.
Rassacache : Potée de haricots, de pommes de terre, carottes, navets et chou cuite dans une soupe à la jambette de porc d'où on la rassaque (retire).
Invité par un groupe de jeunes de son âge à un pique-nique sur le Mont Houy, mon grand-père fut troublé au premier regard par une jeune femme aux pas hésitants. Elle avait des yeux d'un vert lagon dans lesquels il ne pouvait que plonger. Ses longs cheveux noirs contournaient son cou de déesse pour venir en natte, caresser le devant de son corsage. Broderie ou dentelle de Valenciennes ? Il n'en savait rien lui le sportif ! Pourtant la finesse de ce chemisier à broderies blanches et bleues, gonflé par deux seins cachés sous un tissu moiré, trahissait son émoi. Elle s'avança timidement et lui présenta un assortiment de tartes à gros bords, à la rhubarbe, à « papin » et au coulis de myrtilles. Leurs yeux se brouillèrent d’un trouble jamais rencontré… Leurs mains hésitantes se frôlèrent et quand mon grand-père croqua la tarte aux myrtilles, une douce chaleur l’envahit et gonfla sa poitrine à en faire exploser son Marcel. Dieu n’existait pas. Il en était sûr et certain. Qui lui envoyait cette émotion jamais rencontrée ? La surprise attirante d’un hasard aimanté ? Le début d’un destin prononcé ? Son esprit vagabondait dans les cieux et son cœur battait la chamade. Mais… Cette grâce caressante, qui embrasait son cœur d’un rouge émoi d’amour, d’où venait-elle ? C’est alors, et allez donc savoir pourquoi, une voix intérieure lui murmura ceci : « Te voilà amoureux et c’est elle qui t’accompagnera ! » Il baissa les yeux et cueillit délicatement une pâquerette pour sauver sa face rubescente. Il tourna son regard et sourit au papillon qui signait sur les bleuets échappés d'un champ de blé, l’instant de cet élan d’émotion et de félicité…
Orpheline à l'âge de 10ans des suites d'une guerre qui a laminé le nord de la France, ma grand-mère s'est retrouvée, tout simplement, pupille de la nation dans un orphelinat à Orchies près de Lille. Accablée de désespoir, déchirée de sa famille, et séparée de son frère jumeau, elle dut supporter le fardeau de l'existence sans affection. Dans ces moments de désarroi où une main tendue serait appréciée, l'impensable peut également arriver. C'est ainsi que le gestionnaire peu scrupuleux de cet orphelinat, s'est emparé des subventions de l'état à l'adresse des pupilles de la nation pour s'enrichir à l'étranger. Pas un sou pour ma grand-mère et pas un sou pour ces orphelins innocents à l'adolescence détruite, humiliée et mal chérie. Alors à vingt et un ans, elle se retrouva dans la vie active seule au monde, désemparée et démunie de l'obole compensatrice de l'état. Férocement déterminée à oublier la folie des hommes qui avaient martelé de leurs bottes les pavés du nord, elle claqua la porte de son purgatoire. Elle partit la tête haute fusillant du regard un passé meurtrier mais mort à jamais. Doit-on pleurer et maudire ou se reconstruire et construire ? Vivre dans le passé ou livrer bataille pour organiser son avenir ? Animée d'une force de caractère exemplaire, elle a su balayer du revers de la main, l'hostilité des hommes qui l'avait évincée du bonheur de l'adolescence. Elle qui aurait apprécié Gérard de Nerval quand il disait : " Profitons de l'adolescence, Car la coupe de l'existence, Ne pétille que sur les bords... ". Ou encore Louis Pauwels : " L'enfance trouve son paradis dans l'instant. Elle ne demande pas du bonheur, elle est le bonheur
Alors, quand elle rencontra mon grand-père lors d’un pique-nique, là-haut sur la colline du Mont Houy qui surplombait l’Escaut, ses yeux se brouillèrent d’émotion. Elle se sentit de suite dévisagée, plutôt caressée d'un regard qui avait tendance à lorgner ses dentelles. Travaillait-il aux cent mille chemises sur la Place d'Armes à Valenciennes ? Aurait-t-il remarqué ses rougeurs monter et son visage mal poudré ? Pourtant cet homme au regard gris bleu acier et au corps d’athlète si bien moulé dans son Marcel, aimait voir virevolter les papillons. Effeuiller d’amour les pâquerettes et respirer l’air des collines aux senteurs « champignonnées ». Ceci elle l'avait remarqué même remarqué et remarqué encore… Mais pourquoi avait-il choisi sa tarte aux myrtilles ? Pourquoi dans tous ces assortiments, il avait choisi SA TARTE ! Elle baissa les yeux, passa les doigts dans ses cheveux et allongea le pas dans le vent léger aux senteurs suaves. Un souffle duveté vint alors lui caresser sa joue d'un baiser qu'elle ne pouvait refuser... Dieu lui faisait un signe, c’est sûr, et par cette grâce que rien ne pouvait repousser, elle se mit à rêver en souriant aux anges. Son cœur se mit à battre la chamade et soudain, une voix intérieure lui murmura ceci : « Tu l’aimes déjà et c’est lui qui te conduira ».
Un jour, un cabas à la main, elle traversa le pont en arc qui enjambait l’Escaut non loin des écluses. Elle venait de Maing comme tous les mercredis acheter sa viande chez Charlot Stevens dans le quartier du Fort à Trith-Saint-Léger. Charlot était connu pour avoir caché, face aux allemands, des chapelets de saucisses dans son pantalon. Il apportait ainsi aux personnes démunies quelques réconforts tant recherchés. Dire qu’il avait sauvé ses amis de la faim pendant la guerre, peut-être pas, mais on en parle encore au village au banquet des anciens.
- Quel brave type ce Charlot ! Et sans faire un jeu de mots on peut dire qu’il en avait dans la culotte… Quand même, face aux allemands, ces bouffeurs de saucisses ! Vous vous rendez compte ?
Enfin d’un pas rapide elle s’avança vers la boucherie charcuterie de ce célèbre Charlot. Elle poussa la porte et un ding se fit entendre.
- Bonjour ma p’tite dame ! Lança le boucher
- Bonjour m’sieurs dames ! Répondit-elle d’une voix fluette.
Les têtes se retournèrent au bonjour de la p’tite dame. Et soudain ses yeux cherchèrent le bout de ses chaussures. Une étrange sensation l’envahit et elle piqua un fard. Elle n’allait quand même pas défaillir ? Ce n’est pas ces lapins dépiautés accrochés aux esses qui l’effrayaient ? Cette langue de bœuf qui la rebutait ? Mais quoi alors ? Elle se ressaisit et releva la tête tout doucement. Des yeux gris bleu acier la fixaient. Il était là. C’était lui. L’homme qui avait choisi sa tarte là-haut sur le Mont Houy lors du pique-nique. Qu’il était beau ! Il portait une veste noire à rayures verticales sur une chemise blanche à col arrondi. Son pantalon un peu large tombait sur des chaussures…Oh ! Pas de cirage chez lui ? Serait-il un peu souillon ? Non, il devait être pressé ce matin. Mais quand même! Le jeune homme regarda lui aussi ses chaussures poussiéreuses et d’un geste maladroit essaya de les faire briller sur ses mollets. Qui n’a jamais fait ça ? Il fit alors un petit pas de travers qui le mit mal à l’aise. C’est à ce moment là qu’elle eut un léger sourire et qu’ils se regardèrent.
Sa viande achetée, elle prit le chemin du retour vers le village voisin, Maing. Arrivant au pont, elle vit le beau jeune homme qui l’attendait. Oh mon dieu ! Le vent m’a sûrement décoiffée. Il ne va pas me remarquer…
- Rebonjour ! Essaya t-il.
- Rebonjour.
- Vous allez à Maing ?
- Oui je rentre chez moi. J’habite là-bas sur l’autre rive du canal.
- Oh ! Moi je suis de l’autre côté, sur le chemin de halage. En fait nous sommes face à face.
- On peut dire ça…
- Nous nous sommes déjà rencontrés au Mont Houy ? Non ?
- Oui, à un pique-nique.
- Oh oui ! Les tartes !
- Pardon ?
- Vous m’avez servi ma tarte préférée. Je me souviens, c’était une tarte aux myrtilles. Ma mère pourrait en être jalouse car celle que j’ai savourée au Mont Houy était bien meilleure que la sienne.
- Oh ! Souffla-t-elle en rougissant…Oui je me souviens aussi.
- Un prénom ?
- Comment ?
- Vous avez un Prénom !
- Hélène dit-elle du bout des lèvres.
- Alfred. Moi c’est Alfred. C’est joli Hélène. Dîtes-moi Hélène nous pourrions-nous revoir ?
- Je ne suis pas souvent libre. Je travaille à la maison d’une grande famille et je dois m’occuper des enfants…
- Le dimanche aussi ?
- Dans l’après-midi je peux quand même me libérer.
- Dimanche nous pourrions aller à la guinguette au champ d’aviation ? Vous aimez danser ?
- Oh Oui ! Mais voilà bien longtemps…
- Taratata… Je vous emmène. Nous boirons une bonne bière et nous danserons…D’accord ?
- D’accord.
- Je viendrai vous chercher dimanche à trois heures moins le quart ici, sur ce pont. D’accord ?
- D’accord. Bon il faut que j’y aille. A dimanche donc ?
- A dimanche. Je serai ponctuel Hélène.
- Je l’espère…Alfred.
Je l’espère, mais quelle sotte je fais ! Que va-t-il penser de moi ? En fait je m’en fiche car je suis heureuse et toute chamboulée. L’a-t-il remarqué ? Je ne me retournerai pas car je sais qu’il me regarde. L’attente sera interminable je le sais déjà. Mais, chaque minute passée dans l’attente ne peut que me rapprocher de MON rendez-vous…
Le ciel s’éclaircit et une légère brise vint caresser son visage. C’est alors, et allez donc savoir comment, qu’une voix venue d’ailleurs lui souffla ces quelques mots :" Le bonheur n’arrive jamais seul et tu l’as trouvé".
- OUI ! Explosa-t-elle en levant son cabas au ciel…
Peut-être à suivre...
Paisansage