Papillon de Nuit, un pseudo, pas un surnom, juste un pseudo. Pourquoi celui-là, pourquoi pas dauphin de nuit, mon animal favori ? Je ne sais pas ou enfin si, je sais, et les raisons en sont toutes simples. Ecoutez plutôt, je vais vous les contez : il y a 29 ans maintenant que j'ai vu le jour. Une naissance très attendue, le premier enfant, une joie, un moment heureux. Tout s'est bien passé jusqu'au jour tant attendu de l'accouchement où quand je suis sortie du ventre de ma maman, les médecins m'ont vite emmenée loin de tous les regards. Les premiers soins, a tout de suite pensé maman. Quelques minutes de plus sont passées, les blouses blanches sont revenues dans la chambre. Voici ce qu'elles ont dit à mes parents :
- Votre fille doit être transférée dans un autre hôpital, nous devons l'opérer d'urgence !
Voilà, tel un papillon de nuit, je suis née à 22h, j'étais chenille, puis qelques temps plus tard, en chrysallide je me suis transformée, puis... plus rien, ou plutôt un papillon qui a mis plus de temps à ouvrir ses ailes ! Mon premier grand voyage, ma première visite du monde extérieur : hôpital d'Epinal à l'hôpital de Nancy. Une heure et demi de voyage mouvementé. Après tout ne dit-on pas qu'un papillon est éphémère ? Voilà ma première expérience de vie de papillon. Puis deux mois de vide, il a fallu que je me repose, le voyage avait été trop fatiguant. Le papillon est si fragile. Les deux mois sont passés, j'ai pu enfin prendre mon envol ! Les débuts ont été difficiles, la vie animale est loin d'être simple, surtout pour un être qui n'est pas capable de se défendre seul. Mais cette espèce de papillon est "différente", loin d'être éphémère, loin d'être faible.
Oh bien sûr, les combats contres les insectes et les animaux plus imposants que moi ont été rudes, parfois, ils m'ont fait revenir à l'état de chrysalide, parfois à l'état de chenille aussi. Mais j'ai toujours trouvé un refuge, un abri pour me ressourcer. Ma famille, mes amis. Pourtant, avec ces êtres aussi, il a fallu livrer bataille ! Un père qui déserte le cocon familial, une mère qui volait trop vite, trop loin pour un papillon si fragile. Trop de distance, incapable de communiquer, impression de ne pas se connaître. Puis un jour, envie de redevenir éphémère, peur de déranger la beauté du monde, peur de déranger la quiétude humaine et animale. Partir à nouveau au combat, sans être certaine cette fois-ci de le gagner. Rude fut l'échange, il a laissé des traces, indélébiles. Prendre une décision, continuer à voyager, même si ce monde est un monde de brute, ou être un papillon éphémère et sans force ? Le choix est difficile, pas encore fait. Il me faut beaucoup de repos et de remise en question avant de me remettre à voler.