Centrale
La terre : de grains topazes, d'espaces nus,
Noie le paysage de tons fades et pastels.
Quelques cèdres font une végétation ténue,
Dans une eau usée qui coule en un triste fiel.
C'est l'unique source à des lieux.
Le ruisseau bouillant cascade d'un tube bouffi,
Au flanc d'un hangar dont la démesure perd l’œil.
Sévère, son haut sommet de taule défie,
Les roches, les canyons, la nature et son orgueil,
Fendant du sable jusqu'aux cieux.
L'intérieur recèle plus que l’ingrat dehors,
En franchissant le seuil, la porte à la prière :
« Attention, défense d'ouvrir, danger de mort. »
Un courant plus brûlant que les vents du désert,
Porte un miasme, fait fermer les yeux.
Devant, les tuyaux d'une formidable machine
Déversent par hectolitres un fluide noir,
Torrent aux vapeurs âcres actionnant des turbines.
Tournent sans fin les rouages de la bouilloire,
Et ses longs cycles adiabatiques.
Dissocié, un agglomérat uranifère,
Se sublime : ses particules en suspension
Font d'épaisses volutes de gaz en transfert.
Bientôt, du gamma de leur désintégration
Naît une euctoïde thermique.
Partout bougies, pistons et cylindres s'activent,
Là un liquide en surfusion, là un cristal
Trempe. Des radiations invisibles dérivent ;
Toute leur exergie, impondérable et fatale
Âme et cœur d'un moteur quantique.
Je ne connais rien de plus vivant.