Les histoires de mon village - L’hôpital
Monsieur Constatino, après avoir tant hésité, était arrivé aux environs de huit heures du soir, à l’hôpital municipal Socorrão. C’est un grand édifice qui se trouve au centre de la ville. Monsieur Constatino était dans un cyber-café , lorsqu’il se rendit compte que son auriculaire gauche blessé saignait encore. Comme son doigt accidenté le préoccupait beaucoup, il avait enfin décidé d’aller, malgré lui, se faire soigner. Bien avant, il était passé chez sa belle-sœur Lisa pour lui apprendre son intention. Ayant reçu le consentement de cette dernière, il avait pris son sac-à-dos puis il était parti.
Étant donné que Monsieur Constatino était séparé de sa femme, il vivait avec la famille de Monsieur Ronaldo, son ainé, dans la maison que Anna, leur feu mère, leur avait laissé en héritage. Il était presque midi quand le lendemain Lisa, la belle-sœur, avait vu après son retour de l’hôpital le doigt qui saignait encore. Épouvantée, elle lui avait demandé de lui expliquer avec plus de précisions comment cela lui était arrivé. Religieusement, comme une confession, Monsieur Constatino lui avait tout raconté. Puis bien après, comme une mère, avec tendresse elle avait enlevé le morceau de tissu trempé de sang qui lui servait encore de pansement, parce qu’à l’hôpital on n’avait pas pris du temps de refaire le pansement.
Un instant après, tout en observant la blessure, elle lui avait dit : c’est bien d’avoir été à l’hôpital. Ton doigt est cassé. Cette écorchure est fort sévère et très profonde. Il acquiesçait les dires de sa belle-sœur en hochant la tête. Mais pour la rassurer, en rentrant dans les toilettes, il lui avait dit : ce n’est pas grave, c’est seulement une égratignure sans importance, il suffit de mettre du "sulfacol " et puis refaire le pansement.
Après son bain, la belle-sœur a fait comme il avait dit. Malgré tout, le doigt continuait à le tracasser. Alors plus tard, il s'était habillé pour se rendre au centre-ville payer la facture de l’électricité de son atelier. Il avait profité pour s’acheter des livres dans une bouquinerie située au quartier da Praia Grande. Là il avait acquis "La Maison Pouchkine" de l'écrivain russe Andrei Gueorgueyovich Bitov. Il avait passé tout l'après-midi couché dans un divan placé dans la petite salle de séjour pour lire son nouveau livre.
Un jour après il était retourné à l'hôpital et dans la salle d’attente, debout devant le comptoir, il attendait pendant que deux fonctionnaires remplissaient ses formulaires. A côté de lui, se trouvait aussi un couple dont la femme avait la main fracturée qui saignait.
Quelques temps après il s’était rendu au couloir où il y avait pas mal de gens malades, certains couchés sur des brancards, d’autres assis dans des chaises et appuyés contre le mur prenant leur transfusion, tout en gémissant de douleur. Les infirmières angoissées et fatiguées faisaient leur va-et-vient entre les patients. Faisant la queue en file indienne, Monsieur Constatino et le couple étaient restés debout près de la porte du cabinet médical, en attendant leur tour pour être vus et soignés par un des médecins de service.
Après plus d’une demi-heure, c’était le tour de monsieur Constatino , il était entré dans le cabinet où deux médecins assis derrière un grand bureau bavardaient. Les infirmières marchaient d'un côté à l'autre, ouvrant les armoires en fer ou faisant les pansements. Un des médecins, barbu comme Che, ayant remarqué Monsieur Constatino, lui avait fait signe de s’approcher et s'asseoir. Monsieur Constatino, assis, lui raconta le récit de l’accident. Le médecin l'envoya faire une radiographie dans une autre salle qui se trouvait dans le même couloir. Quelques minutes après, il était retourné avec le résultat de la radiographie, c’était à ce moment-là que le médecin lui avait confirmé que son doigt était vraiment cassé. Il l'avait référé à un orthopédiste qui plus tard lui avait dit qu’il devrait être opéré dans les plus brefs délais dans un autre hôpital situé dans un quartier éloigné de la ville ouvrière.
L’orthopédiste lui dit alors qu’il fallait attendre une ambulance qui l'emmènerait jusqu'à l'hôpital. Il était presque minuit quand l'ambulance était arrivée. L’ambulancier était venu lui parler pour lui apprendre qu’il n’y avait pas de chirurgien disponible, le meilleur c’était de rentrer chez lui et d'attendre la matinée, afin de se rendre à l'autre hôpital. Et en fin de compte, c’était ce qu’il avait fait.