Encore un pas

Encore un pas ...

Encore un pas, juste un pas de plus, encore un pas
Encore un geste, à peine un geste, un geste de moins vers toi
Encore un regard, un regard fuyant vers là bas
Et ma main qui se tend encore vers la tienne

Encore un pas, un pas si petit à chaque fois
Et la vie qui se fait malgré tout, malgré nous si belle
Encore un rire loin de toi, un rire que l'on ne partage pas
Et mon cœur qui bat à la seule odeur de ton parfum, souvenirs sensuels

Encore un pas, un pas de géant cette fois
Et pour m‘enlacer ce soir… d’autres bras
Et d’autres mains sur mon corps assoiffé de tendresse
Et mes yeux qui te cherchent dans le flou de la mémoire traitresse

Encore un pas, un pas de douleur, je ne te vois plus
Encore un pas d’errance dans les jours de la vie, j’en peux plus
J’ai la force, je le sais j'ai la force d’avancer juste d’un pas
Laisser aux souvenir le douloureux voyage du retour en arrière, faire ce pas

Encore un, juste un pas … un pas loin de toi le cœur à nu
Encore un pas, tu es en face de moi et je ne te vois plus
Tu me parles et déjà je ne t'entends plus
Un pas de trop un pas de moins ? Je ne sais plus !

Aux sangs des larmes d’impuissance j’ai usé les semelles de mon cœur
Aux roches de ton silence j’ai déchiré ma robe d’espoir
Aux regards qui remplacent les cris, les pourquoi
J’ai donné tout les tremblements de ma voix

Encore un pas, un pas de vie, un jour qui s'enfuit
Si loin, si loin de toi je pleure de voir que la vie est belle
Encore un pas, mais pas toute seule elle est devant, la vie
Laisse moi lui tendre les bras d’un pas… juste encore rebelle

Encore un pas, dans le précipice de la vie, le plus douloureux
Donne-moi la force, je titube, le dernier pas
Lâche ma main, je dois faire l’ultime pas
Le pas de savoir dire le mot, le pas de l'adieu…

Ne me regarde pas, ne me parle pas, je dois avancer
Laisse moi le ramper ce pas s’il le faut, je chancelle
Offre moi l’oubli de nous, la vie me balancelle
Encore un pas ! Il est là ! c’est douloureux, c’est fort… la liberté… !

Très délicat, très profond ! merci pour ce beau cadeau pour ton arrivée sur le forum !

quel texte fort et sensible qu'on peut appréhender de diverses manières...
pour ma part, j'y vois une nouvelle naissance...
faite d'hésitation, de volonté... on ose et on n'ose pas...
on se lance, on espère pouvoir tout arrêter, rester là... puis on le fait, enfin, ce pas qui nous mène à la liberté...
c'est difficile, c'est douloureux mais, oui, c'est fort et beau.
c'est la Vie...
merci à toi pour ce partage.

C'est un texte très prenant, très circonstancié, beaucoup plus descriptif que le nôtre avec Opaline puisque le thème m'y fait penser :

https://sub-pluma.forumpro.fr/amours-de-duo-f164/a-petits-pas-opaline-teliss-t1708.htm

Le nôtre était plus symbolique, celui-ci est plus métaphorique ; en plus de l'intérêt profond de ce texte, c'est intéressant aussi d'avoir l'occasion de dénoter cette différence de style

Tu as raison, Teliss, il y a une grande similitude dans le thème abordé et c'est avec un plaisir renouvelé que je suis allée relire votre duo...
j'avais beaucoup aimé le final de "la lumière créatrice"...
on ressentait particulièrement le désir d'avancer que ce soit à petits précautionneux ou par de grands bonds comme une nécessité exigeante, voire vitale...
alors que dans celui d'Emma, je ressens comme une crainte... une hésitation... comme celle que l'on ressent lorsqu'on doit prendre un nouveau chemin... se détacher du passé et d'une certaine sécurité... et tu te doutes bien qu'actuellement, ça résonne très fort en moi... d'autant plus que j'expérimente, peu à peu, le "rebirth" , pour remonter aux émotions primales et dénouer les noeuds...

je me retrouve aussi dans ce texte, comme tous les chats, avançant par petits pas précautionneux   

on dit souvent que c'est le premier pas qui coûte, mais dans le texte d'Emma, on a plutôt l'impression que c'est le dernier   

en effet, Igrib, c'est ce qu'on dit... le premier pas fait, le suite peut sembler évidente...
pourtant, il peut arriver que la peur de l'inconnu nous pétrifie en chemin... que nous nous retrouvions tentés de reculer ou même de rester sur place...
je connais quelqu'un qui appelle cela "la peur du crocodile"...
instinctivement, nous savons que nous devons poursuivre notre chemin vers la lumière et pourtant, ignorant tout des difficultés que nous allons devoir affronter en chemin, la peur nous bloque et nous empêche de faire ce dernier pas vers le vide...
il peut alors nous sembler plus facile de renoncer à avancer en nous raccrochant à ce que nous connaissons déjà, ce qui, même empreint de souffrance, représente une certaine sécurité...
les "rebirthers" y voient une analogie avec notre naissance...
pourtant avons-nous un autre choix si nous voulons trouver la véritable sortie et vivre enfin pleinement ?

la "peur du crocodile", ou bien la "peur de l'alligator" ... enfin c'est caïman la même chose   

Debby, je ne sais pas qui est cette personne qui appelle cela "la peur du crocodile", mais je peux te dire que cela ne lui est pas une idée personnelle ou fantaisiste. C'est quelque chose de bien connu en symbolisme. Et qui vient de très loin. Car si on tente de remonter le plus loin, on en arrive obligatoirement aux égyptiens qui, d'une part nous donnent les plus vieux documents à notre disposition, et qui, d'autre part étaient des maitres es symbolisme !  


Dans un symbole ( sym-bol = la forme et l'esprit jetés ensemble) il y a le catabole (= l'esprit jeté vers la forme) et les anaboles ( = la forme jetée vers l'esprit). Les cataboles (formes qui indiquent l'esprit) sont par définition naturels ; chez les égyptiens, ils découlent parfaitement de l'observation de la nature. Ainsi pour nous, le lièvre est le catabole de la vitesse (il est parfois gravé sur des boutons de machine pour indiquer l'allure élevée). Inversement, la vitesse est un anabole du lièvre.

L'élément naturel à la base le plus marquant qu'on peut observer chez le crocodile est sa soudaineté imprévisible. Il symbolise donc cet inconnu, ce vide auquel toute chose en évolution est confrontée, car quelque chose de vraiment nouveau est quelque chose à laquelle on ne peut s'attendre. Le crocodile représentait le gardien du seuil dans les anciennes écoles de mystères égyptiennes. Il figure en bonne place dans la psychostasie, à laquelle on parvient par la retraversée des eaux de la naissance, car le crocodile est aussi le maître des eaux par son anabole (Sob-Akh). Il se situe dans la cosmogonie égyptienne dans les eaux primordiales, dans le gouffre qui sépare les deux grandes premières triades égyptiennes. Les autres civilisations ont un symbolisme similaire, en Asie, ou chez les Mayas .