Te retenir

« Tu aurais pu l’éviter… »
T’a-t-on dit dans l’ambulance,
Ce camion pris de plein fouet,
Tant pis, la faute à « pas de chance ».

Ton corps est déjà mort,
Et ton esprit veut le suivre,
Mais le chagrin est trop fort,
Alors on veut te laisser vivre…

Toi qui aimes la musique,
La seule qui remplit ta torpeur,
C’est le cardiogramme qui crépite
Répondant au bip du respirateur.

Ton corps est déjà mort,
Parfois ton esprit vacille,
Mais le chagrin est trop fort,
Tu penses encore à ta famille.

Ta vie ne tient qu’à un fil,
A celui de la machine,
Devant tes yeux la vie défile,
Tu voudrais partir à matines

Ton corps est déjà mort,
On ne veut pas te libérer,
Car le chagrin est trop fort,
Et l’espoir, obstiné…

Pour toi la lumière est là,
Elle n’attend qu’un dernier soupir,
Alors on se raccroche au droit,
Préférant te laisser gémir.

Ton corps est déjà mort,
La vie a perdu cette manche,
Comme le chagrin est trop fort,
Personne ne te débranche…