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 Sixième lettre à vous, mon doux rêve

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AuteurMessage
Dysj
plume de Roselin
Dysj


Masculin Nombre de messages : 193
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Date d'inscription : 24/10/2012

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MessageSujet: Sixième lettre à vous, mon doux rêve   Sixième lettre à vous, mon doux rêve Icon_minitimeLun 29 Juil - 23:09

Cher songe, ma belle amie,

Nous voici à l’aube d’un nouveau jour et mon âme, loin de s’épuiser à vous souhaiter, vous cherche toujours parmi les continents de ce monde si gris, espérant chaque minute un signe de votre présence, passant parfois de votre espoir à vos ténèbres.

Mais en ce jour, désireux de votre présence, mon esprit voulut quitter le monde de la raison et de ses codes, et un temps déambula dans de profondes forêts enchantées.

Je parcourais donc en pensée un chemin bordé de hêtres, qui mène à une belle bastide fière et imprenable, et laissais vagabonder mon esprit parmi les légendes de ceux qui maîtrisent les rites anciens.

Dans une clairière arrosée de soleil étaient disposées en une géométrie druidique un dédale de pierres et de végétations, formant une enceinte propice à la contemplation du monde, à la méditation et à l’amour. J’y prenais place, non sans avoir, comme il est dit dans les anciens grimoires, rendu un hommage sacrificiel à la maîtresse Terre, aux vents ses enfants, et à l’eau source de toute vie.

Je restais allongé, sentant les herbes sous mon dos et la caresse de cette magnifique journée sur mon torse, rituellement dénudé. Je savourais l’immobilité de l’air et goûtais la musique des abeilles butinant les fleurs alentours, quand je vous vis arriver, belle et diaphane.

Vous descendiez des terres ocres de l’Orient, vous mouvant légèrement en faisant danser autour de vos jambes de légers tissus, et votre visage blond était coiffé d’une couronne de fleurs que le printemps offre à ceux qui savent le célébrer. Je vous vis vous arrêter à ma hauteur, et je ressentis d’un coup toute la magie de votre présence que j’appelais tant de mes souhaits.

Je vis vos yeux me fixer, et vous entendis me dire dans une langue inconnue et pourtant familière, qu’enfin vous étiez là. En fermant les yeux je sentis plus fort votre main parcourir mon corps à moitié nu, dans un frisson délicieux. Je vous allongeais alors sur l’herbe fraiche à mes cotés, et le tissu de votre robe s’écarta pour offrir à mon regard la blancheur de votre peau.

Je posais ma joue sur votre ventre, pour reprendre un peu mon souffle. J’étais haletant et pétrifié, conquérant et garçonnet. Vous caressiez délicatement mes tempes, et je sentais le souffle de mes jours soulever votre poitrine.

Je ne voulais pas interrompre ce moment, j’aurais voulu que la végétation pousse et nous enferme ainsi dans notre tendre étreinte. J’aurais voulu devenir avec vous une statue végétale célébrant l’amour et la tendresse, que des générations durant les amants seraient venus adorer.

J’aurais souhaité que nous soyons enserrés dans les racines d’un chêne centenaire, qui s’élancerait majestueux vers le ciel, et dont le vent ferrait chanter aux feuilles notre histoire, celle de notre union charnelle, celle de notre fusion avec notre Maitresse Terre.

Je ne me sentis pas m’assoupir le soir tombé, la tête posée sur votre ventre et redoutant le moment ou il faudrait sortir du cercle de pierre et rendre aux légendes ce qu’un temps elles m’avaient prêtées.

Bel objet de mes désirs, je m’éveillais en sursaut, la nuit tombée, seul, dans une clairière que la rosée rendait si fraiche, au milieu de laquelle trônait un chêne centenaire. Une douce brise nocturne agitait les feuilles de ce chêne, qui chantaient à la Terre :

« Vous êtes là, la vie est si belle »…
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