Trop tard

Trop tard



Deux minutes que je suis mort
L'eau du bain s'est teinte en rouge
Je me dis que j'ai eu tort
Un peu tard... plus rien ne bouge

Tout est calme autour de moi
Lentement mon sang s'écoule
Faut du courage pour faire ça
Tu parles, en fait j'ai les boules

Le suicide, c'est pas pour moi
Je l'ai encore dit dimanche
Mais je l'ai fait comme tu vois
Il a fallu que je flanche

J'ai oublié ma famille
J'ai oublié mes amis
J'ai même oublié ma fille
Et toi aussi ma chérie

C'est sur'ment pour qu'on y pense
Que l'on ne meurt pas de suite
Se rappeler l'existence
De ceux qui nous plébiscitent

Ai-je pensé à ma copine
Qui me découvrira là ?
Ou peut-être à ma gamine
Qui verra là son papa ?

Stop je ne veux plus mourir !!!
Je vous en prie aidez-moi !!!
Ne me laissez pas partir !!!
Bougez ce corps déjà froid !!!

Non, il est déjà trop tard...
Le sang ne coule presque plus
Voilà qu'approche le départ
Ca y est... Je ne pense plus...

...


Maman, y'a papa dans le bain
Je crois qu'il a dû s'endormir...
Réveille-le avec un câlin
Ca lui fera sur'ment plaisir...

Un texte d'une grande élévation dramatique, encore renforcée par la chute en humour glacé de la fin !

Le plus difficile est pour ceux qui restent...
Le suicide est une alternative égoïste. Mon avis ne sera surement pas le même que tout le monde mais je l'assume; la fin le prouve bien, cette petite fille qui va "réveiller" son papa ne s'en remettra surement jamais.
La vie est trop précieuse.

Ton poème est magnifique, et ce sont des thème qui rythment ma vie : ne pas rater sa mort, ne pas rater sa vie, ne pas déranger en partant…

Je crois que je ne partage pas ta vision du suicide, même si je partage tes interrogations : il faut du courage pour partir autant qu’il en faut pour rester… Et son départ est toujours douloureux pour les autres, mais il arrive que rester soit encore pire pour ceux qui nous entourent.

Ce sont des questions où notre humanité est mise face à elle même, et il n’y a pas de bonnes réponses, si ce n’est la sienne à cet instant. Je me dis juste que notre société défend beaucoup le droit élémentaire à une vie décente (et vraiment c’est tant mieux) mais oublie souvent le droit à ne plus vivre dignement.

Le suicide si on a une grâve maladie incurable qui nous fait souffrir atrôcement, je le comprends mais...je ne comprends que pour cette raison-là.
Je suis un très grand optimiste et je pense qu'il y a toujours un moyen de régler un problème sans arriver à de telles extrémités.
Mais bien évidemment, comme je l'ai dit plus haut, je comprends qu'on ne soit pas d'accord avec mon point de vue, chacun a sa propre vision de la vie...et de ce qu'elle représente.

Pour moi tout pareil que vous trois !

Bruno m'a ôté les mots de la bouche c'est fort, c'est dramatique et beau à la fois, avec cette touche d'ironie et de tristesse mêlée.

Ca fait mal au ventre à lire et surtout parce que c'est le narrateur le suicidé.

Excellente trouvaille de Narration mon Fréddy... Je te l'ai dit, t'es mon génie !

Trop tard pour celui qui, un instant de désespoir, choisit de mettre fin à ses jours.

En un instant, Il a tout détruit, sa vie et sa famille.
Il est bien trop tard pour faire marche arrière.
J'ai mal pour lui...