Déprime à la casse

Déprime à la casse


Tous les jours le même rituel
La journée commence aux aurores
Quelques lentilles dans la gamelle
Direction l'usine près du port

Marcel a bientôt soixante ans
Il est déjà bien fatigué
La retraite est dans pas longtemps
Mais pourra-t'il en profiter ?

Quarante ans de loyaux services
Comme récompense un dos brisé
Regard éternellement triste
D'un homme complètement vidé

Les mêmes gestes à répéter
Sur la même chaîne de montage
Tel un robot bien programmé
Ou comme un homme pris en otage

Aucune plainte aucun remord
Le travail ne court plus les rues
Quand la santé ne va pas fort
Le salaire reprend le dessus

Ses seuls amis sont à l'usine
Que fera-t'il à la retraite ?
Plus il y pense plus il déprime
Tous ses repères vont disparaître

Il ne sait plus très bien c'qu'il veut
Rester ici, rester chez lui
Il se demande ce qu'est le mieux
Mourir chez lui, mourir ici...

Et bien... Je ne retrouve pas l'optimiste que je connais...
Et c'est tant mieux ! On voit toutes les facettes de l'artiste ainsi.

En tout cas, moi je lui conseille à ton futur retraité de mourir chez lui... C'est quand même mieux... Enfin, c'est ce que je ferais moi...
Et si je pouvais partir à la retraite aujourd'hui ! J'y vais !!

C'est un poème d'un réalisme magnifique comme je les aime, et qui au fond n'est pas si déprimant : la vraie déprime serait de ne pas pouvoir exprimer ce poids d'une vie difficile qui s’achève (l'usine) et d'une autre vie tout aussi difficile qui doit s'ouvrir (la solitude de la retraite).

Merci !

merci pour ce beau texte...
beaucoup de retraités dépriment s'ils ne sont pas entourés ou s'ils n'ont pas de passions pour occuper des journées devenues trop longues...

La reconversion vers un autre modus vivendi doit être d'autant plus difficile je crois, lorqu'il s'agit comme cela semble être le cas décrit dans ce poème, d'une "mono-expérience professionnelle", c'est-à-dire toute sa vie passée exactement dans le même métier et la même entreprise. Mais à quelque chose malheur est bon, cette situation deviendra de plus en plus rare maintenant !

moi je crois que ce texte va plus loin qu'un simple probleme de reconversion de vie, pour moi j'y ressens la détresse de l'angoisse de la fin ; comme cette vie à l'usine était toute sa vie, sa fin lui fait prendre conscience de sa fin de vie tourt court, et quelle aura été son utilité, un sentiment angoissant d'absurdité se mêle aussi
(je sais pas si je me fais comprendre)

J'ai écrit ce "pseudo-poème" il y a quelques temps déjà en ayant en tête ce qui est arrivé à trois de mes collègues:
-le premier est décédé quelques temps après son départ à la retraite de maladie (cancer).
-le second est en chaise roulante car il a choppé une "saloperie" au pied qui a fini par lui monter le long de la jambe et il n'a désormais plus qu'une jambe.
le troisième passe son temps à venir nous rendre visite.

Evidemment, il peut (doit ?) s'agir de coïncidences pour les deux premiers mais quand ils étaient avec nous, ils allaient très bien et...ça fait réfléchir...

Manganac a écrit:

J'ai écrit ce "pseudo-poème"

GRRRRR
Arrête de dire "pseudo-poème" !!

Nan, suis pas un poète !!!! :p

Manganac a écrit:

Nan, suis pas un poète !!!! :p

C'est vrai qu'à ce moment où tu dis çà tu es juste un POUET !!

Bravo pour ce poème qui dit si bien la dureté du travail en usine et là difficulté d'appréhender la retraite quand la plus grande partie de la vie a été l'asservissement et qu'il faut se reconstruire une vie.