PRES DU VIEUX QUAI
Là-bas, près du vieux quai quand gronde l’océan
Des barques, des chalands sont léchés par l’écume
Et les murs de béton caressés par le vent
Disparaissent sans bruit dans des lambeaux de brume.
Debout sur son rocher, en s’accrochant au ciel
Les morceaux de granit d’une vieille chapelle
Appellent de leurs vœux la main de l’éternel
Quand l’orage mauvais vient nous chercher querelle.
Le phare balançait ses éclats sur la mer
En offrant aux marins un peu de sa lumière
Lorsque parait sonner leur heure, la dernière
Pour les sortir vivants des vagues de l’enfer.
Il a vu s’en aller, glissant sur l’horizon
Des milliers de bateaux, des vaillants capitaines
Qui vogueront sans fin, qu’importe la saison
Pour aller conquérir quelques îles lointaines.
Chaque jour il attend dans le souffle du vent
Le retour du pêcheur que l’ouragan parfume
En craignant le naufrage il pleure pour l’enfant
Qui garde dans son cœur, un reste d’amertume.
L’église du vieux port chante son oraison
Pour ne pas écouter la chanson des sirènes
En se disant tout bas « que perdre la raison »
Ne seront que des mots au bout de nos rengaines.
jc blondel