L’ESTOCADE
Elle est là, je le sais, me guettant dans le noir
Attendant le moment pour porter l’estocade.
Lorsque mon corps blessé s’enhardit dans le soir
Pour oser quelque part une longue ballade
Je risque sans délai de me trouver en rade
Ne gardant pour demain qu’un minime espoir.
Elle est là, je le sais, me guettant dans le noir
Attendant le moment pour porter l’estocade.
Pour contrer son vouloir, bloquer son escalade
J’efface mon regard du reflet du miroir
Pour ne pas divaguer, ne pas apercevoir
La ride de ce temps et son estafilade.
Elle est là, je le sais, me guettant dans le noir
Attendant le moment pour porter l’estocade.
Vieux monstre de salon, caché dans le couloir
Tu n’es plus pour l’instant dans cette mascarade
Le copain de mes nuits, mon trop vieux camarade
Qui savait m’envouter des contes du boudoir.
Elle est là, je le sais, me guettant dans le noir
Attendant le moment pour porter l’estocade.
Un médecin, un jour, trouvera la parade
Pour te ranger enfin dans le fond d’un tiroir
Pour repousser plus loin les tampons du butoir
Qui met un point final à ma route malade.
Elle est là, je le sais, me guettant dans le noir
Attendant le moment pour porter l’estocade.
jc blondel