Les fleurs abandonnées au fil de l’eau
Ont flotté longtemps là où l’onde s’est brisée
Les feuilles suspendues ont quitté l’alizée
Un instant de silence a figé les oiseaux
Un lent tourbillon s’étire entre les deux rives
Le jour qui se lève allonge un reflet de sang
Puis revient inexorable le cours du temps
Au fond de la rivière un souvenir dérive
Revenir juste avant la faille irréparable
Avant que le flot n’emporte au loin nos désirs
Nos rêves insensés d’amour et de plaisir
Retenir le fil des jours le rendre incassable
Mais trop tard jamais ce carrousel en arrière
Ne tournera. Il faut rejoindre sa cadence
Se forcer à vivre et malgré ce froid immense
Ne pas plonger là tout au fond de la rivière.
Pourtant s'y reposer j'en ressens l'attirance
Si facile serait de s'y laisser glisser
S'endormir à jamais, dernier geste esquissé
Eteindre ma mémoire oublier ma souffrance