Où la vocation d’un pompier peut mener une population toute entière…
par Myrabelle
Dans un petit village, un enfant, un petit garçon prénommé Eric vivait avec ses parents.
Un jour, il avait été le témoin d’un sauvetage d’un autre enfant par un pompier qui était aussi pêcheur à ses heures de liberté, et qui justement ce jour-là, pêchait. Lorsque celui-ci vit un enfant en fâcheuse posture dans l’eau sombre et froide, il n’écouta que son courage et sauta dans l’eau glacée : il réussit en nageant le plus vite possible à attraper l’enfant, et à le ramener sur la berge avant qu’il ne se noie. Là, il s’assura que l’enfant pouvait respirer librement et il prévint les parents de ce qui avait eu lieu, leur disant bien qu’il y avait eu plus de peur que de mal. Les parents fous de joie de savoir que leur fille Marie n’était pas morte dans l’eau, remercièrent avec force effusions, embrassades ledit pompier.
L’enfant Eric, dès lors, se dit en lui : quand je serai grand, je ferai comme le Monsieur si courageux, moi aussi je sauverai des vies. Et, durant de longues années, il garda cette idée en lui, pour lui, comme un trésor, son trésor de vie, qui le nourrissait de l’intérieur, lui apportant une paix intérieure qui se voyait sur son visage et lui donnant un sourire, un sourire de quiétude.
Puis, plus tard, un jour, alors qu’il était plus âgé et qu’il fut en âge de choisir son métier, il annonça à son entourage : ses parents, sa famille, ses amis, sa décision d’être pompier. Et il constata très rapidement qu’il y avait deux camps : ceux qui applaudissaient, disant que des hommes courageux, qui vont au péril de leur vie, sauver leurs concitoyens, quels que soient leur situation, quelles que soient leurs croyances,… sont des héros dont on a bougrement besoin. Dans ce pays de couards, de timorés, avec des rêves bien trop petits, étriqués, qui n’osent bien souvent, même pas prendre parti pour une personne qui veut défendre les intérêts de tous quand elle émet des idées contraires à celles instituées, idées qui pourtant pourraient faire évoluer grandement, et surtout faire avancer les choses de manière positive, tout cela parce qu'ils craignent de perdre leur place, parce qu'ils préfèrent le statu quo, l’immobilisme, où ils se croient à l'abri. Abri où ils ne le sont pas du tout, car, n’aidant pas à ce que les choses bougent positivement, ils en subissent plus tard les conséquences comme les autres...
Mais nous nous égarons un peu… revenons à ce jeune homme, à sa vocation d’être pompier, et à ce que l’autre camp lui reprochait : ces personnes pensaient qu’il était fou, insensé, qu’il pouvait y perdre sa vie en la risquant ainsi, et qu’il valait mieux qu’il se casse une jambe plutôt que de choisir cette vie-là, cette vie d’aventurier de la vie, de poète de l’impossible...
Il répondit à tous ses détracteurs une citation magnifique et toujours d’actualité de Corneille dans « Le Cid » :
"A cœur vaillant rien d’impossible, ton bras est invaincu mais non pas invincible"
ce qui veut bien dire qu’on peut réussir ce que l’on souhaite, même si auparavant on a toujours échoué: car chaque moment est unique et de sa magie peut naître une réussite. Au sein de ses détracteurs, se trouvait la jeune fille sauvée naguère par le pompier si courageux qui, depuis, était devenue une belle jeune femme, épanouie, belle, oui… Marie, car depuis cet épisode-ci elle s’intéressait à Eric et peu à peu était né dans son cœur un amour, son amour, pour lui. Elle avait peur pour lui… mais elle n’osait pas l’avouer car c’était dire aussi son amour, et elle ne savait pas la réaction qu’il aurait s'il l'apprenait.
Il réagit en disant à tous : "Je vais le faire, suivre ma vocation, car je suis fait pour ça, je suis né pour être pompier : pour aider, pour sauver mon prochain. Je me perdrais si je ne fais pas ce qui est fait pour moi, même si ma vie est mise en danger.
Je ne veux pas agir en lâche, qui, parce qu’il a trop peur de lâcher ses peurs, parce qu’il a peur que l’avenir ne soit pas conforme à ce qu’il veut, n’entreprend rien de ce qu’il aime, et s’empêche même volontairement d’être heureux, s’obligeant à « vivoter », à « survivre », mais pas à vivre vraiment…
De toutes façons, même chez moi, même sans rien faire de grave, de fort, même sans bouger, je peux mourir… ! alors, autant faire ce que j’aime et qui me donne envie d’être en vie, de rester vivant !
Vous avez le droit d’avoir peur qu’il m’arrive quelque chose, mais ce serait criminel de m’empêcher d’agir à ma façon, car qui sait si votre interdiction pourrait à la longue me donner envie d’abréger ma vie... Je ne pense pas que ce soit ce que vous souhaitez vraiment !
Et vous, qui m’aimez, soyez au contraire heureux pour moi, je vais m’épanouir, et prendre la vie par son bout le meilleur, par celui que je choisis. Je n’ai pas peur de l’avenir. Il est fait de ce qu’il doit être fait. Je suis prêt à le vivre tel qu’il sera, bon ou mauvais. Il est fait pour moi.
Et vous, je vous conseille aussi de n’avoir plus peur de vos peurs, et de ne plus vous contenter de rester au bord des choses : osez, risquez, faites ce que vous aimez, laissez-vous porter par ce qui vous passionne, et accompagnez-le pour ne jamais en être ni l’esclave, ni le maître, mais en être le partenaire de vie.
Vous pouvez réfléchir et tergiverser !
Moi je sais ce que je vais faire… souhaitez-moi bonne chance et soutenez-moi. Comme je suis prêt à le faire avec vous si vous vous décidez à vous écouter vous mêmes et que vous ayez besoin de soutien."
Oui, dirent-ils tous finalement : "en fait tu as raison, on peut mourir partout, et on peut vivre partout… ce qui compte c’est d'avoir confiance et d'aller de l'avant ! en n’ayant pas peur des obstacles ni du bonheur, car ils font conjointement partie de la vie, et y faisant face, en essayant d’aller le plus profondément possible dans leurs coins sombres, afin de les comprendre, pour en ressortir vivant et grandi."
Marie vint le voir un peu plus tard… lui assurant de son soutien… Elle lui dit son affection grandissante pour lui… il en fut très heureux… ils vécurent ensuite ensemble…
Certes, elle avait peur pour lui quand il partait en mission, mais elle le savait heureux et prêt à faire ce qu’il faisait, et de sa joie à lui s’en était faite la sienne !
Certains du village se dirent : oui, pourquoi ne ferais-je pas ce que j’aime ? Je suis sûr que les autres peuvent comprendre, et accepter que je soies heureux… et m’accepter en tant que personne heureuse ! Allez, je me lance !
D’autres restèrent dans l’état où ils étaient, n’étant pas prêts encore à faire le pas… peut-être un jour ? ce pas décisif peut bien se faire à tout âge, qui sait ?
Mais vous-mêmes, vous empêchez-vous d’être heureux ou pas ?
Qu’est-ce qui vous rend déjà heureux d’être vivants ? et comment le partagez-vous avec ceux qui vous entourent ?