Dans les couleurs d'une voix. A Cecilia Bartoli.
Dans les couleurs d'une voix
Une âme s'ouvre et m'ensorcèle
Vague divine de pourpre, de jade,
Clameur venue du fond des âges
Pour dire l'ardeur, le sang et la peine,
Voir en nos doutes les présages
De notre espoir en toute amour humaine
En la foi que chacun recèle
Toute d'empathie ou simple bravade.
Dans les couleurs d'une voix
Plonger en ses propres mystères,
Oser voir, enfin, la lueur terrible
Des blessures que l'on se cache
Afin que nul, d'un mot ou d'une griffe
A notre pauvre chair n'arrache
-Devant ses peurs, l'orgueilleux se rebiffe-
Un fragment de nos noires terres
Et le souille d'insouciance horrible.
Dans les couleurs d'une voix
Prendre dans les désirs de l'aube
Toutes les voluptés, toutes les flammes
Où les bienfaits du jour s'éveillent :
Lorsque de nuit la fortune s'émaille,
Que tous les esquifs appareillent
Sur des flots où rien ne les chamaille
Dans la musique où tout s'englobe,
La vie déploie ses rouges oriflammes !
Dans les couleurs d'une voix
Boire avec l'abandon d'un fauve
Le cœur nu dans le feu de la tendresse
Toute la sève d'une larme
Portée par la douceur d'à peine un souffle
Vers une paix d'or et de parme
Où le cri dur de la raison s'essouffle.
Surprise, étreindre en son alcôve
Un peu de vérité dans sa noblesse.
Avril 1983, Juillet, Août 2009.
Lyon.