Etrange et attirante fatigue qui enveloppe, déposant sur le front son souffle de coton. Flottant, ondoyant.
Dériver lentement, hors du temps.
Inquiétante lourdeur au fond des yeux qui dissimulent l'âme épuisée qui, doucement, s'éteint, se tait, pour sombrer dans le silence. Silence! A peine un bourdonnement, diffus, qui se répand dans tout le corps, un bourdonnement de plus en plus assourdissant.
Tout près, pelotonné, encore plus près, le chaton ronronne. Paisible, il ne vit que pour ce bonheur, être vivant, caressé, ô jolie tendre fourrure soyeuse.
Très loin, toujours plus loin, aux confins de cette fatigue, on entend le vent qui s'acharne à perdre le souffle, en vain. Surtout, ne pas le suivre, ne pas fermer les yeux, pas encore, attendre un tout petit peu en se perdant...non, il ne faut pas poursuivre ces rêves éthérés qui ramènent à la dure réalité. Pauvres rêves, tendres et inaccessibles, à pleurer, doux rêves! Les étreintes y sont volées, les baisers passionnés.
J'avais tellement oublié que mon corps existait. Ne pas embrasser, disparaître, ne plus être pour ne pas se laisser aller. Ne me voyez pas! Mais il a su me rappeller sa présence et voilà le matin, terne, si habituel. Le silence que j'écoute depuis longtemps, jusqu'à étouffer et ne plus ressentir que la fatigue, complainte lancinante, que le poids de ce corps peut être lourd!
Bien sûr, je n'abandonne pas, bien sûr, je lutte contre cette fatigue qui est une ennemie perfide. Elle fait semblant d'être ma meilleure amie pour me suivre partout, prendre toute la place qu'elle assiège et envahit. Et il n'y a alors plus qu'elle. Elle résonne, elle résonne, elle résonne de lassitude. Pauvre corps. J'ai oublié d'être jolie.
Le soleil semble bien gris aujourd'hui, cerné par des nuages lourds, remplis de cette neige qui tombera sur les Pyrénées, un peu plus loin, un peu plus haut, pour épargner la tristesse de la plaine écrasée sous ce ciel lourd que le vent ne parvient pas à alléger. Finies les couleurs fantasmagoriques!
Je ne ressens que le froid, même si le petit chat se blottit, avide de vie. Et puis cette odeur du café amer pour en finir avec la fatigue! Reprendre le combat.
Je me souviens d'ailleurs, qu'autrefois, je chantais.