CALLIGRAPHIELe mot calligraphie vient du grec "kallos", beauté et "graphé", écriture et signifie donc "la belle écriture à la main". Réalisée avec la liberté et le rythme d'une main entraînée, elle peut en effet être superbe. Celles que j'utilise le plus sont la gothique blackletter, la gothique cursive et l'anglaise.
Vocabulaire :
La gothique textura : Dés le XIe siècle, dans un contexte de laïcisation de la culture et de l'écriture, des ateliers de copistes se créèrent dans les grandes villes, générant ainsi une évolution des formes graphiques. Apparue au XIIIe siècle, la gothique textura est le résultat d'un processus d'altérations successives de la minuscule caroline, commencé à la fin du XIe siècle. A cette époque, l'intensification de l'activité scripturale contribua à la diversification des formes D'écriture et à la création de nombreuses variantes locales. C'est également l'écriture que nous retrouvons dans les manuscrits gothiques enluminés.
La beauté de la textura réside dans un mélange savant de rigueur et de fantaisie. Le tracé est exécuté avec un angle de plume constant de 45°. Les apex en losange doivent être réguliers et les angles fixés sur la ligne de conduite.
La gothique bâtarde : L'invention de la gothique bâtarde, à la fin du Moyen Age, est la manifestation d'une révolte indépendantiste contre l'académie des copistes, fidèles à la rigidité et à la lenteur des modèles établis. Dés lors, les calligraphes exploitèrent cette nouvelle calligraphie avec fantaisie et une grande liberté, se fiant alors à leur imagination créatrice. Il faut garder un un angle de plume de 45°, les traits sont légèrement inclinés, tracés d'un geste souple et dynamique en marquant un lever de plume entre chaque trait.
La gothique cursive : Cet alphabet ressemble à celui de l'italique mais le résultat est différent. Cet alphabet doit être écrit avec une certaine rapidité pour respecter l'esprit dynamique du lettrage. La hauteur des lettres pourra être égale à 3 ou 4 largeurs de plume pour les minuscules et 5 ou 6 pour les capitales. La plume est tenue à 45° puis progressivement tournée à 90°.
La cursive anglaise : Actuellement trés prisée des français, l'anglaise est apparue en Grande-Bretagne au XVIIIe siècle. Elle se diffusa dans toute l'Europe, notamment dans les actes commerciaux, avant d'être reprise par les Américains au XIXe siècle. Trés appréciée pour son caractère ornemental, l'anglaise se développa tout au long du XXe siècle, notamment dans les affiches publicitaire, les magazines et les enseignes. L'anglaise se trace trés lentement, elle possède un angle de 54° par rapport à l'horizontale.
La caroline : Cette minuscule carolingienne est le résultat de l'évolution de l'écriture engendrée par l'activité des moines copistes. Ces derniers la mirent au point en harmonie avec les règles calligraphiques établies par Charlemagne, sous l'influence des Anglo-saxons. Le plus bel exemple d'utilisation de la Caroline se trouve sur la Bible qui fut composée à Tours vers l'an 840 de notre ère. La Caroline se répand dans toute l'Europe où elle devient un véritable "standard".
Les supports : Le choix du papier, carton ou vélin, déterminant pour l'enluminure dépendra de votre budget comme de votre objectif.
- Le papier adapté est un papier fort (300 g environ) pressé à chaud. Le papier aquarelle convient bien. Ce papier doit être lisse pour les détails, épais pour les dorures en relief, car l'humidité du gesso provoque des déformations.
- Le vélin offre différentes textures et coloris, nuances de blanc, crème ou de jaune. La plupart des manuscrits médiévaux étaient exécutés sur vélin, peau de veau, de mouton ou de chèvre.
Les outils : La plume métallique : Insérez-la avec son réservoir dans le porte-plume. Celles que l'on achète sont enduites d'un produit pour les protéger.
Il suffit de les laver dans de l'eau savonneuse, rincez et séchez. Puis, tremper dans l'encre et laisser sécher. Voilà, votre plume est prête à travailler !
Le matériel que j'utilise : Porte-plume simple pour les plumes détachables. Ci-dessous, les différentes sortes de plumes :
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Pour la gothique (cursive ou blackletter) : plume Speedball ou Brause,
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Pour l'anglaise : plume Saignol ou Sergent Major,
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Pour les contours : plume Mallat ou Bremer,
Autres outils utilisés :- Stylo automatique ParallPen de Pilot : plusieurs largeurs possibles de 1,5 à 6 mm, fonctionne avec des cartouches spéciales, acheté à Cultura, magasin de fournitures d'art, de loisirs créatifs et produits multimédia.
- Feutre de calligraphie : plusieurs largeurs également mais le tracé est moins net, la pointe s'émousse avec le temps.
- La plume d'oie : Tout d'abord, il faut savoir que l'on utilise pas seulement des plumes d'oie. Au Moyen Age, différentes espèces d'oiseaux furent employés, parmi elles, citons : le pélican, le faisan, l'aigle, le paon et le corbeau. Habituellement, les plumes de cygne, d'aigle, de vautour, de dindon ou d'oie sont utilisées pour des écritures de grosseur moyenne ou grande, quand à celles des canards et de corbeau, elles semblent plutôt destinées aux écritures les plus fines. Certaines conditions doivent être appliquées : Elles doivent provenir de l'extrémité de l'aile : appelée "première". Les plumes dont le tuyau s'oriente vers la droite quand on les tient dans la main qui écrit, proviennent de l'aile gauche. Ce qui aide à choisir selon si vous êtes droitier ou gaucher. Leur taille nécessite une procédure précise, regardez ci-dessous.
Mon expérience :Je pratique différentes écritures et j'ai commencé par la gothique en 1995, c'est la plus difficile, mais ça vaut le coup de s'entraîner quand on voit le résultat. Au début, j'en faisais pendant 1 heure tous les jours. Il y a aussi le "ductus", il s'agit de l'ordre où l'on trace la lettre, comme le bout de la plume n'est pas rond comme les stylos bille actuels, il faut former d'une certaine façon surtout pour la gothique. Si le moindre trait est un peu tremblotant, le résultat n'est pas beau du tout.
Après cette écriture si droite et régulière, j'ai eu envie de traits plus adoucis et courbes, j'ai donc appris la gothique cursive, moins austère, un peu fantaisiste et penchée.
Pour m'habituer à une écriture et surtout la mémoriser, je trace chaque lettres en minuscule et en majuscule pour en apprendre le "ductus" et ensuite, pour le mémoriser et écrire sans hésitation, j'écris des mots qui n'ont aucun sens les uns après les autres, mais c'est ma technique pour me rappeler plus facilement, et ça fonctionne !
Chaque écriture a sa hauteur de plume et un angle défini pour sa réalisation. N'hésitez pas à acheter un livre sur la calligraphie si vous voulez apprendre, tout y est bien expliqué et si vous êtes motivés et assidus, surtout assidus, les résultats vous surprendont. Le matériel n'est pas trés onéreux : de l'encre, une plume métallique avec un porte-plume et du papier ! Personnellement, j'ai appris avec le livre-atelier dont vous trouverez la photo dans la bibliothèque, donc il y avait le matériel et les exercices, l'investissement était léger pour le résultat obtenu. Mais c'était un stylo pour la calligraphie et non une plume métallique avec de l'encre. Je m'y suis mise quand j'étais plus à l'aise avec la calligraphie, ainsi j'ai appris à plonger la plume dans l'encre sans trop en mettre pour ne pas faire de pâtés mais le résultat est plus net, entendre le son de la plume sur le papier et l'odeur de l'encre : c'est tout le plaisir de l'écriture !
Le monde celtique me plait beaucoup, que ce soit sur le plan musical ou artistique avec ses entrelacs compliqués. J'ai donc appris la caroline et l'onciale, mais cette fois avec des fiches de calligraphie achetées sur la série "L'Art de l'écriture" des Editions Fabbri. C'est aussi avec ses fiches que j'ai appris la gothique bâtarde que j'utilise beaucoup actuellement.
Je pratique également la trés connue anglaise avec ses pleins et ses déliés, celle qu'apprenaient nos aînés sur les bancs de l'école. Ce n'est pas trés compliqué, il suffit d'appuyer un peu plus en descendant pour faire les pleins. Bien sûr, cela requiert de la patience et de la rigueur comme toutes les autres écritures.
ENLUMINURE :Ce sont de fragiles oeuvres d'art aux motifs complexes, peints et dorés sur du vélin ou du parchemin, qui pourtant furent consultés quotidiennement par des générations de moines et de prêtres, de lettrés et d'hommes de cour, avides d'apprendre ou simplement de les admirer. L'emploi de l'or est utilisé pour donner un effet précieux et apporter de la lumière à la page ou au texte.
Le style gothique, dont le début se situe au XIIIe siècle, est marqué par un intérêt accru pour le réalisme des dessins. Fleurs et plantes deviennent les éléments décoratifs prépondérants dans les lettrines et les bordures.
Les enluminures des manuscrits celtes sont ornées de nombreux entrelacs, de spirales, d'animaux et d'oiseaux stylisés. Les pointillés rouges quientourent en général les initiales sont caractéristiques de ce style, leur rôle est de mettre la lettrine en relief et de créer autour un effet d'ombre.
Les outils :La dorure à la feuille donne des résultats éblouissants. Il existe deux types de feuille d'or. La feuille d'or adhésif et l'or en feuillets mobiles aussi appelé or libre. La feuille d'or est la plus réputée mais la feuille d'argent peut aussi être utilisée. Des plaques métalliques empilées entre des feuilles sont battues au marteau sur une enclume par un artisan spécialisé (batteur d'or). Au bout de plusieurs jours de travail, on obtient une feuille d'un épaisseur infime (de l'ordre de quelques microns) qui peuvent être collées sur un dessin par une technique délicate. L'or sous quelle forme qu'il soit, adhère au papier grâce à une couche d'apprêt, le mordant (constitué de gommes de cristaux d'ammoniac ou à la colle PVA) ou le gesso. Ensuite, on polit avec un brunissoir "dent de chien" ou "langue de chien" composé d'un manche en bois et d'une agate.
La peinture : Les pigments sont utilisés, ils sont d'origine animale, végétale ou minérale. Broyés avant d'être mélangés, pour la technique dite de la détrempe (ou tempera), à part égale à du jaune d'oeuf et de l'eau.
Les ingrédients les plus divers et les plus incongrus (vin, miel, urine, insectes, oeufs..) entrent dans la composition des couleurs. Comme pour une recette de cuisine, deux personnes suivant les mêmes consignes n'obtiendront pas le même effet.
Exemples d'ingrédients pour les couleurs :- Les rouges : Cochenille (insecte broyé), la garance, (plante méditerranéenne), cinabre ou vermillon (sulfure de mercure),
- Les jaunes : Fiel de carpe (bile), safran (pollent d'une variété de crocus), ocres (terre naturelle ou brûlée allant du jaune (brun à l'orange),
- Les bleus : Lapis-Lazuli (roche bleu foncé extrêmement chère), azurite (roche d'un bleu plus claire suivant la provenance),
- Les verts : Malachite (roche naturellement vert foncé), vert de gris (acétate ou autre sel de cuivre),
- Les blancs : Céruse (pigment blanc très toxique, contenant des sels de plomb).
Mon expérience :Au début, ce que j'appelais des enluminures n'étaient que des lettres avec quelques fioritures ou un peu de couleur. Quand j'ai déménagé sur Poitiers,
je suis allée à la Médiathèque à la section moyen-âge et j'ai vu ces miniatures magnifiques de finesse et les couleurs lumineuses.
J'ai donc suivi un stage d'enluminure avec la ville d'Art et d'Histoire de Poitiers. J'y ai appris à utiliser un parchemin, le préparer, pareillement avec les pigments et la feuille d'or.
Il a fallu découper une zone dans la peau de chevreau au cutter pour avoir un tracé bien net, ensuite, on le pose sur une plaque de bois et on le scotche pour bien le tendre. Passez une petite éponde humidifiée et attendre que la peau sèche. Il faut après la poncer avec de la pierre ponce du grade 0000 appelé "ponce soie" qui va la dégraisser et l'affiner.
Une fois que l'on a choisi son dessin, le décalquer sur la peau au crayon le plus fin possible et repasser les traits à l'encre de Chine avec un pinceau trés fin. Toujours commencer par l'or, choisir la texture avec laquelle on est le plus à l'aise, moi je prends du gesso acrylique ou bien de la colle PVA.
Il faut faire tomber une goutte et l'étirer, surtout ne pas écraser le pinceau dans la colle car cela ferait des creux. Une fois sec, encore une fois un choix s'impose : or adhésif ou or libre ? Je n'utilise que l'or adhésif, l'or libre nécessite un matériel en plus, à savoir le coussin à dorer et l'appuyeux, un pinceau large et plat qui sert comme son nom l'indique à appuyer l'or sur la colle. Prendre un petit morceau de papier et le rouler, puis souffler sur la colle pour déposer un peu de vapeur pour que l'or tienne. Déposer l'or et brunir avec une pierre d'agate à travers un papier calque. Avec un pinceau ou une plume, ôter l'excédent d'or qui n'a pas collé et voilà !
Vient le temps de la peinture, depuis quelques temps j'utilise la gouache tempéra qui est facile à utiliser et à nettoyer, mais on peut rester dans la tradition et utiliser les pigments. Pour ceux-ci, il y a deux formules : la détrempe à l'oeuf ou la détrempe médiévale. La plus simple et moins onéreuse est bien sûr celle de l'oeuf que j'utilise quand je prends les pigments. Elle doit être appliquée par petites couches successives jusqu'à ce que vous ayez l'intensité souhaitée. Cernez les motifs d'un trait noir et appliquez les rehauts et détails avec du blanc. Mettez sous cadre et admirez !! Vous avez bien travaillé vous pouvez être fiers de vous !!
Voici une des miennes :