Adieu vive clarté : Jorge Semprun

oncle ben a écrit:

Jorge Semprun :

"A Biriatou, de la terrasse ombragée du restaurant, je regardais l'Espagne, sur la rive opposée de la Bidassoa.

Le soleil se couchait sur l 'océan, invsible, au loin. L' horizon de nuages légers, cotonneux, voguant dans un ciel pâle, était encore rougi par son absence imminente. L' Espagne toute proche, interdite, condamnée à n 'être qu'un rêve pour la mémoire.

Toute la journée, la lumière d'août qui s'évaporait dans la brume du soir avait été remuée, traversée par des reflets d'automne: du chatoyant, du mordoré, émiettant quelque peu la densité, l 'aplomb du soleil estival. Septembre s'insinuait déjà dans le paysage, dans la langueur renouvelée, l 'obsolescence des couleurs, la nostalgie rose et bleu des massifs d'hortensias.

Orientée au Sud , la terrasse du restaurant de Biriatou surplombait le cours de la Bidassoa. Les ombres de cette fin d'après-midi semblaient monter de cette gorge humide sur les versants des collines espagnoles d'Elizondo, juste en face, au sud; de Fontarabie, à l' ouest."

Biriatou est un petit village basque que j 'aime depuis plus de 50 ans; niché au pied des premiers contreforts des Pyrénées à 2 pas de l 'autoroute de San Sebastien, c'est le village du bout du monde; au dela ce sont des sentiers sauvages.

J 'ai toujours eu une affection particulière pour Biriatou et récemment me sont arrivés 2 événements qui pour moi sont extrordinaires: -J 'ai été invité pour mon anniversaire dans ce restaurant ou je projetais d'aller depuis longtemps.
- Et puis , hier, une cousine, qui m'est chère, m 'a remis ce texte d'un écrivain et homme politique, espagnol toujours vivant , auteur de ce livre écrit par lui en Français.

Amis, qui voulez passer vos vacances en Espagne, n 'hésitez pas à faire une halte dans ce petit village qui me parle tant: vous serez dépaysés et revivifiés

Ce texte est en effet très évocateur et éveille des sensations. Il me rappelle un livre de Pierre Loti, Ramuntcho. J'ajoute que ma mère ( elle a aujourd'hui 85 ans ) avait adoré aussi ce livre et elle s'était laissé séduire par un beau jeune homme qui précisément avait pour diminutif Ramuntcho: c'était mon père.

je ne doute pas, Tonton, que ce texte résonne plus encore au coeur de qui peut se projeter en ces lieux par le souvenir...
moi, qui ne connait pas ce village, je me suis sentie pénétrée de nostalgie à la lecture de ce passage nostalgique de Jorge Semprun...
l'esprit garde toujours l'empreinte de sa terre d'origine...