Vous aurez mes "commentaires" dans la rubrique adéquate.
Jorge Semprun :
"A Biriatou, de la terrasse ombragée du restaurant, je regardais l'Espagne, sur la rive opposée de la Bidassoa.
Le soleil se couchait sur l 'océan, invsible, au loin. L' horizon de nuages légers, cotonneux, voguant dans un ciel pâle, était encore rougi par son absence imminente. L' Espagne toute proche, interdite, condamnée à n 'être qu'un rêve pour la mémoire.
Toute la journée, la lumière d' août qui s'évaporait dans la brume du soir avait été remuée, traversée par des reflets d'automne: du chatoyant, du mordoré, émiettant quelque peu la densité, l 'aplomb du soleil estival. Septembre s'insinuait déjà dans le paysage, dans la langueur renouvelée, l 'obsolescence des couleurs, la nostalgie rose et bleu des massifs d'hortensias.
Orientée au Sud , la terrasse du restaurant de Biriatou surplombait le cours de la Bidassoa. Les ombres de cette fin d'après-midi semblaient monter de cette gorge humide sur les versants des collines espagnoles d'Elizondo, juste en face, au sud; de Fontarabie, à l' ouest."