Petit poème écrit pour les 80 ans de mon grand-père:
J'regarde tes mains,
Elle sont si rêches et abîmées
Qu'on dirait bien
Que le temps y a déposé
La dureté de toutes ses années
Comme on transmet un lourd fardeau
De mains en mains de mots en maux
J'regarde les lignes,
Comme des crevasses cicatrisées
Qui laissent leurs marques
Qui laissent leurs traits
Ces traces fines
Racontent les jours qu'tu as passé
A vivre ta vie, à travailler
Ces jours où je n'existais pas,
L'époque que je ne connais pas
J'regarde tes mains,
Et j'imagine ce qu'elles ont été
Peut-être plus tard
Pourrais-je savoir ce qu'elles ont fait
Le blanc, le noir
Ou les combats qu'elles ont mené
Les murs détruits à force de poings
Et cette famille qu'elles nourrissaient
Toutes ces vies entre tes mains
Que je regarde s'articuler
Avec une précision toutes autre
Avec une telle difficulté
Que l'on ne soupçonnerai dans les nôtres
Ces mains qui n'osent plus caresser
De peur de perdre ou de blesser
Si une tendresse était montrée
Si un amour était avoué
J'regarde tes mains
Que le temps a défigurées
Forcer les liens
Qui les relient à ceux tombés
Serrer les poings
Pour qu'elles n'aient plus à essuyer
De larmes qui visent ta dignité
Ces mains qui font trois fois les miennes
Couvertes d'écorces genre de mitaines
Etrange pas vrai?
Qu'en simplement regardant tes mains
Ce soit ton coeur qui m'apparaît