SOLITAIRE INGENUE
Solitaire ingénue, irréelle et perverse,
Qui habite les nuits du rêveur que je suis
Fantôme dévêtu des chemins de traverse
Tu hantes dès minuit les abords de mon lit.
Tu sembles revenir du fond de ces abîmes
Où sont tous enfermés les rêves les plus fous
Les vivre sans regrets me serait légitime
S'il n'existait parfois des restes de tabous.
Tu arrives tout droit d'un monde fantastique
Où tout n'est que chanson, où tout n'est que refrain
Un monde bienheureux bercé par la musique
Emmenant mon sommeil vers un autre matin.
Tu brilles chaque nuit tenant jusqu'à l'aurore
Ravivant dans mon cœur au hasard cet espoir
De voir en ces instants ces reflets qui colorent
Ce cauchemar perdu dans un océan noir.
Dans la beauté du soir menant jusqu'au réveil
Tu m’apportes parfois dans la nuit, un soleil
Qui éclaire d'un coup mes émois et mes songes
Dans la douce couleur trop feutrée des mensonges.
Quand déjà le réveil tinte dans le matin
Je voulais espérer que la nuit fût plus longue
Pour te garder à moi dans mes draps de satin
Pour vivre près de toi dans cette forme oblongue.
Solitaire ingénue, irréelle et perverse,
Qui habite les nuits du rêveur que je suis
Fantôme dévêtu des abords de mon lit
Tu hantes dès minuit mes chemins de traverse.
JC BLONDEL