JeJe suis ce lac immobile où vient jouer l'ombre
A tresser infiniment la nuit et le jour
En rides adoucies des feuilles alentours
Que le vent léger a saupoudré dans l'eau sombre.
Je peux broder d'éclats d'argent au point de tige
Les arbres qui se prélassent en chuchotant
Des légendes étranges des fées de l'ancien temps
Des formules interdites pour que se fige
Du ballet des jours son éternel balancier.
S'il vient à errer au bord de mon paysage
Le promeneur s'y perd en croisant ce mirage
Qui dissimule au plus profond de son passé
Rires et souvenirs et aussi regrets et larmes
Ses yeux ne voient qu'un reflet dans le soir
Etre et paraître douloureux combat sans armes
Chemins sombres ou l'espoir et le désespoir
Aux ronces accrochés s'arrachent dans le vent.
Je suis ce lac immobile où vient jouer l'ombre
Un manège hypnotisant où ma barque sombre
Là l'onde rejoint l'Erèbe où je me défends
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