SARAJEVO
Je suis triste, le soir, quand je vois mes faubourgs
Ravagés par le feu, tous consumés de haine
Quand tonnent les canons, quand la mort nous amène
Ses cortèges de sang, sans espoir de secours.
Combien de mes enfants oubliés de l'amour
Périront sans un mot quand le tir se déchaîne
Combien en verrons nous de cadavres obscènes
Avant que les fusils se taisent pour toujours.
Immobile, je suis, devant tant de misère
Je n'ai pas les moyens d'arrêter les combats
Car les hommes sont fous dans ce monde ici bas
Ils ne savent plus rien de nos vieilles prières.
Combien leur en faut-il de ces noirs cimetières
Où reposent les corps de mes enfants meurtris
Avant que les humains se disent c'est fini
Nous rangeons les fusils, nous calmons les colères.
Vous connaissez mon nom, O gens de l'univers
Sur tous les murs, partout, il est écrit de rouge
En huit lettres de sang. Il faudra que ça bouge
Pour me sauver un jour des orages pervers.
C'est huit lettres de sang près de l'Adriatique
Sarajevo, mon nom, est perdu dans l'ennui.
C'est huit lettres de sang symbole d'un souci
Qui s'égare très loin du chemin olympique.
jc blondel