AU FOND D'UN ATELIER
Au fond d'un atelier sous des grains de poussière
Le peintre avait laissé pourrir sur le plancher
Des tubes de couleurs, des morceaux de papier
Deux pinceaux, trois dessins lesquels traînaient misère.
Un vieux jaune serin dessinait la lumière
D'un soleil de printemps, un rivage d'été,
Tandis qu'un bleu d'azur à peine réveillé
Donnait à l'océan son étrange mystère.
Le rouge carminé devait, sur un trottoir,
Marquer ce corps d'enfant dans l'effroi d'une guerre.
Le soir était venu maquiller tout de noir.
La pureté d'un blanc redonnait la clarté
À ce tableau noirci d'un paysage austère
Que l'artiste d'un jour n'avait pas terminé.
jc blondel