Un brin d'air, à peine un souffle...on le cerche pour croire que l'on respirera mieux et puis finalment, on s'en grise sans même s'en rendre compte, juste histoire de s'abandonner. Mais la peur rôde, insidieuse, commence son travail de sape avec application, sans aucun état d'âme. Elle devient douce compagne pour feindre de s'attendrir sur les peines et les chagrins. Elle a le visage d'un ange mais elle n'est qu'une puissance infernale qui enferme dans la slitude et les errements de l'âme. On ne raisonne plus quand elle s'infiltre en soi. Elle creuse une tranchée qui se remplit de la boue des mauvais souvenirs, de la vilaine amertume. Et, sous influence, on se terre, essayant de ne plus penser que l'assaut sera lancé dans un moment que l'on espère le plus tard possible jusqu'à oublier qu'il aura lieu de toute façon. Quelle innocence! Quelle folie! On s'enfonce, lentement. La boue, les rats, la vermine, compagnons d'infortune, on semble s'y habituer. On se murmure que rien n'arrivera même si le vent peu à peu enfle tandis qu'il tuméfie l'âme qui se figure en paix, qui pense que désormais rien ne l'atteindra. Alors, on se sent en sécurité. On s'invente une paix, même si les relents nauséabonds du déchirement hantent l'inconscient pour créer une atmosphère lourde de menaces qui rend la respiration difficile.
Enfin le silence! Une pause, une simple pause avant le fracas! Brusquement, l'offensive est lancée. Les rafales de vent fondent et détruisent...L'heure est bel et bien venue, la peur a révélé sa face hideuse et a donné l'ordre de sortir de la tranchée. Subir, subir, plier, plier sous les bourrasques qui font éclater la tête. Et ça fait mal! Mais pourquoi, est-ce aussi douloureux? Pourquoi, soudainement, sans crier gare, réalise-t-on de sa faiblesse, de son idiote fragilité envers laquelle on éprouve une telle honte? Honte de soi et cette peur...Pourquoi la peur? Le vent souffle et tourbillonne...
D'abord, le premier réflexe est de se coucher, faire le mort. Les salves de l'effroi pleuvent et s'acharnent. L'horizon...où donc se situe-t-il? Oh, Seigneur, montre-moi l'horizon! Laisse-moi croire en l'espoir! Pardon! Mais de quoi suis-je coupable? Les prières montent sans revenir, emportée, brisée par le vent, sans réconfort. Chaque aube ramène la tempête qui se déchaîne sans faillir. Pas de répit! L'enfer!
Arrive un moment, une éternité durant laquelle on ne veut plus parler. On ne peut plus...trop aard; On sanglote et on oublie toute la tendresse de ceux qui vivent encore dans le soleil, si près de soi. On oublie que la joie peut exister. La solitude devient la meilleure ennemie. On s'abandonne au vent.
Rappelle-toi qu'autrefois, tu étais vivante. Sache qu'on ne survit pas avec des traumatismes. Alors, rappelle-toi...