roman plume d'Hypolaïs
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| Sujet: Victor Hugo — Les Contemplations Mar 5 Aoû - 11:24 | |
| Au fils d'un poëte (1)
II
Enfant, laisse aux mers inquiètes Le naufragé, tribun (2) ou roi; Laisse s'en aller les poëtes! La poésie est près de toi.
Elle t'échauffe, elle t'inspire, O cher enfant, doux alcyon (3), Car ta mère en est le sourire, Et ton père en est le rayon.
Les yeux en pleurs, tu me demandes Où je vais, et pourquoi je pars. Je n'en sais rien; les mers sont grandes; L'exil s'ouvre de toutes parts.
Ce que Dieu nous donne, il nous l'ôte, Adieu, patrie! adieu, Sion (4)! Le proscrit n'est pas même un hôte, Enfant, c'est une vision.
Il entre, il s'assied, puis se lève, Reprend son bâton et s'en va. Sa vie erre de grève en grève Sous le souffle de Jéhovah.
Il fuit sur les vagues profondes, Sans repos, toujours en avant. Qu'importe ce qu'en font les ondes! Qu'importe ce qu'en fait le vent
Garde, enfant, dans ta jeune tête Ce souvenir mystérieux, Tu l'as vu dans une tempête Passer comme l'éclair des cieux.
Son âme aux chocs habituée Traversait l'orage et le bruit. D'où sortait-il? De la nuée. Où s'enfonçait-il? Dans la nuit.
(1) Ce poète est identifié dans le manuscrit : il s’agit d’André Van Hasselt, poète belge que Hugo avait rencontré à Bruxelles (il y séjourna, en exil, du 11 décembre 1851 au 1er août 1852 ; le poème date du 16 juillet 1852). Hugo rompit avec Van Hasselt lorsque celui-ci reçut la croix de la Légion d’honneur, en 1853. Il lui fit cependant envoyer l’édition de Bruxelles des Contemplations (P. Albouy). (2) A Rome, le tribun de la plèbe était un magistrat chargé de défendre les droits et les intérêts du peuple. (3) Oiseau de mer ; selon une ancienne croyance, la mer demeure calme pendant que les alcyons font leur nid. (4) Jérusalem | |
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