Qu'attendre ? (1)
Qu'attendre ?
Je naquis donc pour vous compter, jours, mornes fuyards ?
Je franchis en vain l'air et le feu, l'eau et la terre ?
Mais quel sphinx* violentera mes désirs criards ?
Une aurore tendre pour que je m'y désaltère !
Qu'attendre ?
Je franchis en vain l'air et le feu, l'eau et la terre ?
Laisser le Diable franchir mon seuil, il procure
Une aurore tendre pour que je m'y désaltère...
Ma porte close défend périls et aventure
Qu'attendre ?
Laisser le Diable franchir mon seuil, il procure
Tout le regret d'un trépas à force de langueur :
Ma porte close défend périls et aventure,
Condamne cet Eden au-delà dans sa rigueur
Qu'attendre ?
Tout le regret d'un trépas à force de langueur
Car cette œuvre au rouge dont je devins l'humble apôtre
Condamne cet Eden au-delà dans sa rigueur :
La mort emporte son sablier vers quelqu'un d'autre...
Juillet, Août 1996.
Saint-Nizier.
* : Sphinx : le sphinx symbolise l'inéluctable. Le mot "sphinx" évoque l'idée d'énigme lourde de contraintes. Le sphinx se présente au départ d'une destinée qui est à la fois mystère et nécéssité.
*: Œuvre au rouge : par l'œuvre au rouge des alchimistes s'opère la digestion, le mûrissement, la génération ou la régénération de l'homme ou de l'œuvre.
Ce texte a été inspiré par la gravure intitulée "Frustra", "En vain" (la 5ème porte) inserrée dans le roman "Club Dumas" d'Arturo Perez-Reverte.