Ataraxie
Plongée dans une ataraxie qui m'est fatale, je me noie. Dans ma couleur je me complais. A trop vouloir approcher le soleil, tel Icare je me suis brûlé les ailes. J'ai trop voulu faire semblant de vivre, d'exister. Maintenant j'ai disparu et je me noie, m'étouffe et m'étrangle avec des rubans sombres qui flottent devant ma tête. Je m'en empare et fais un noeud autour de mon cou. Les yeux fermés, le visage n'exprimant rien, plante trop jeune et déjà pourrie, hélas.
Je suis morte. Comment ai-je pu croire que le bonheur était possible? Les illusions m'ont trop longtemps bercée. Maintenant, la poussière d'étoiles m'a submergée, et je me noie. J'ai touché le fond, je crois. Oui, ça y est, je sens mes pieds fouler quelque chose. Une falaise. Pas d'hésitation. Plus la peine de réfléchir. De penser. C'est trop douloureux. Toujours se rappeler des souvenirs. De ceux qui me font mal. J'en ai assez. De trop croire. De trop idéaliser. Il suffit. Cela ne sert à rien.
Pessimiste, me direz vous. Non, simplement réaliste envers cette matérialité qui m'entoure. Je ne le supporterai plus jamais. Je m'approche du bord, les rubans entravant toujours mon cou. Je prends de l'élan. Recule. "Que suis-je en train de faire? Mourir? Non. Toutes les choses ont une fin, c'est tout", je murmure. Je fais un pas dans le vide. Puis deux. Et mon corps bascule. Et je hurle de joie, un sourire béat sur les lèvres.
Il y eut un bruit mat quand une âme fatiguée guidant un corps jeune s'écrasa contre les rochers en contrebas tandis qu'un liquide rougeâtre se répandit dans l'océan.