Il y a un an...un an...tes grands yeux se fermaient, ta voix écorchée se taisait, ton coeur, ton jeune coeur faiblissait et tu entrais dans le coma, quelques instants seulement.
Il y a un an, le coma était dépassé.
Plus jamais, je n'entendrai ta petite voix devenue suraiguë. Tu es partie sans ta mémoire, enfermée dans tes rêves. Cette mémoire, tu ne l'avais jamais retrouvée.
Tu es partie sans que personne ne puisse te tenir la main. A ton poignet, ce bracelet fin et rompu pour refermer sur toi une housse. Dernière bassesse de ton destin.
Finies les chansons, finie la musique, fini le temps où tout allait bien, fini le temps où rien encore n'était saccagé.
Et puis, il y a un an, ces drôles de retrouvailles sur le quai de la gare, nos frères, et moi, celle qui reste, des traits tirés, le teint gris, des yeux cernés et puis l'échange de banalités suivies des décisions dans une senation étrange de flotter, comme si tous les mouvements extérieurs avaient ralenti.
Notre frère chante: "Ce n'est plus la peine d'oublier, je vais maintenant dormir".
Il y a un an, c'était hier, c'est encore aujourd'hui.