Εφιάλτης*. Je suis seule dans l’immeuble abandonné
J’avance dans un étroit couloir,
De silence vénéneux environnée.
Là, l’obscurité semble vouloir
Assaillir la lumière jaunâtre
D’un néon tout empoussièré.
Nés des ténébres des yeux blanchâtres
Me suivent, vides, acérés.
Mais je suis seule dans l’immeuble abandonné
Tout près, un chuchoti silencieux,
Un froissement, une course désordonnée ;
Quelque rat dans le plancher vicieux…
Un effluve fétide sourd de l’ombre,
Infect. Des cuirasses mordorées
S’approchent, inexorables, sans nombre,
Défiant la clarté abhorrée.
Pourtant je suis seule dans le couloir
J’accroche un voile diaphane :
Une araignée morte de ne pouvoir
Supporter les rais profanes,
Fragiles de la lampe roule sur mon bras.
Dans la pénombre des guerriers de cuir
Que seul un étrange cauchemar dénombra
M’encerclent doucement : je ne peux fuir…
Cependant, je suis seule dans le couloir
Et le sol crisse bizarrement
Sous mes pieds nus. L’esprit ne peut prévaloir
Sur la peur à l’acide ferment ;
Partout des corps roux affluent, se pressent :
DES CAFARDS PAR MILLIERS couvrent
Murs, sols. Mes chevilles disparaîssent
Et mes jambes s’en recouvrent…
Εφιάλτης ! ΕΦΙΑΛΤΗΣ…
1988, Mars 1989.
Saint Nizier.
* Εφιάλτης : Éfialtis : cauchemar.