Reste avec moi
A l’heure où les anges du soir berçaient nos rêves
Tu prenais ton ouvrage et tu gardais l’éveil
Ton aiguille courait pendant notre sommeil
Pour habiller avant que la nuit ne s’achève
Tous nos jours des chiffons que tes mains assemblaient
Ces chiffons à bas prix que ton art transformait
En pantalons de golf ou robes de princesses
Papa disait parfois « Mais à la fin tu cesses »
Tu souriais pour lui et l’ourlet reprenait
Sans prendre garde à tes doigts où le sang perlait
Nous étions sept et du matin au soir abeille
Tu travaillais pour nous, distribuais baisers
Compliments, gronderies, et venait apaiser
Un cauchemar d’enfant qu’une terreur réveille
Réfugié dans tes bras la lampe s’allumait
L’univers de la nuit prisonnier de la flamme
Un instant vacillait vaincu par ton sourire
Et ces mots douceurs que toi seule savait dire
Je cherche dans tes yeux le reflet de ton âme
Et je trouve la nuit qui t’emporte à jamais
Je voudrais te dire encore ô petite Mère
Combien ton amour et la chaleur de tes mains
Illuminent toujours mes plus sombres chemins
Reste avec moi écoute moi petite Mère
Avant de te laisser glisser dans ce marais
Où passé et présent se trouvent emmêlés
Ah! pouvoir figer le temps et te rappeler
Avant que ta lumière éclairant mon visage
Ne s’enlise avec toi loin dans ce marécage