EN BOUQUINANT…
L’EXPERIENCE
Sur une étagère, un livre qui attend avec ses centaines de pages à être accueilli par des mains hospitalières et franches d’amitié. D’une reliure respectable, elle s’offre à l’œil avec tout son savoir, sa pensée et son objectivité. Le regard incessant, avide d’une telle prise, je reste dans une certaine gêne me croyant peu apte à saisir ce monde mystérieux et nouveau. Mon cerveau , enclin à la débandade, se refuse pour l’instant à goûter ce « prestige de culture » . Mais néanmoins, tous mes sens optent pour l’accueil loyal, pour une connaissance approfondie vers des sphères illimitées. Déjà le sens du goût augmente sa sensibilité et plus encore le sens du toucher ne voulant pas être du reste.
De cette même étagère, le besoin immense, l’amour incroyable du bouquin s’éprend de ma personne. Jamais je n’ai connu un désir aussi grandiose par la pensée. D’un geste délicat, je le prends avec reconnaissance le palpant avec camaraderie pour faire plus ample amitié. Je le contourne de mes doigts, j’inspecte son allure; sa personnalité même. Né sans doute dans une classe moyenne, le tissu qui le recouvre me semble être satisfaisant dans toute l’acceptation du mot. Encore là, je n’ai pas ouvert la porte de ses paroles. Je me contente de le regarder, de l’inspecter pour mieux accomplir l’invasion douce de la lecture.
Regardant de gauche à droite craignant le pire, je l’ouvre nerveusement pareil à un trésor découvert. Une joie incroyable laisse esquiver un sourire d’approbation à l’action accomplie. Mon cœur se ressent de ce sentiment merveilleux par des battements plus forts. Une saveur d’expressions, de phrases monte dans ma tête folle de pensée. Je capte avec frénésie les moindres recoins de la première page. Ivre d’apprendre, je m’assois et je le dépose sur une table pour ne point le fatiguer. Là commence l’inspiration la moins douloureuse jamais effectuée dans le monde; celle de la lecture. Je m’y abreuve aveuglément et ledit livre consent bien à m’éduquer pour que nulle friction ne vienne s’effectuer pendant ces moments de silence où les yeux projettent à profusion leur science au cerveau avide d’emmagasiner toute richesse d’intellectualité. Soupir de satisfaction, nervosité envolée; c’est le calme profond à mesure que les pages s’écoulent … Puis soudain pour compenser à sa juste valeur ce « Maître » , un baiser fort simple sur ces « joues » dont j’en suis saisi par les mains.
Et la lecture continue…jusqu’à sa fin. Des heures passent et voilà que le rêve s’arrête avec aucune machination mesquine. Tout n’est que douceur sachant bien l’agréable plaisir que j’ai eu à le lire d’une satisfaction inégalée. Combien d’autres ont fait les mêmes gestes ont accompli la même cérémonie égale à une poésie nouvelle! N’est-il pas beau de reconnaître en soi un univers rempli de silence qui par sa sagesse offre à l’ami qui veut bien l’acquérir des flots de paroles vers l’immensité d’un esprit en pleine évolution? Moi, j’en suis et vous… l’êtes-vous???
André Labrosse (Epervier) , Lac St-Paul, Québec